Chrétiens en Ubaye

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La Cour Européenne des Droits de l'Homme approuve le vol d'hosties consacrées

Le Lun 04 déc 2023

La Cour Européenne des Droits de l’Homme a débouté de leur plainte une association d’avocats chrétiens espagnols contre un artiste espagnol qui a dérobé plusieurs centaines d’hosties consacrées pour une installation artistique

Dans une décision rendue ce jeudi 30 novembre, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé irrecevable la requête d’une association d’avocats chrétiens, l'Asociación de Abogados Cristianos, dirigée contre les autorités espagnoles. Les requérants avaient porté plainte contre l’artiste Abel Azcona, qu’ils accusaient d’avoir enfreint les dispositions du Code pénal espagnol sanctionnant l’offense faite aux religions. Cet artiste avait posé nu en 2015, dans une église de Pampelune, à côté du mot «pédophilie» écrit au sol au moyen d’hosties consacrées. Les avocats chrétiens poursuivaient aussi la ville de Pampelune, soutien et financeur de l’installation artistique.

Cette œuvre, baptisée «Amen», avait été exposée dans une église désaffectée employée comme salle municipale par la mairie de Pampelune. L’installation montrait des photos d’Abel Azcona, entièrement nu, prostré dans une pose évoquant la blessure et la désolation, à côté de l’inscription formée par 242 hosties consacrées que l’artiste avait dérobées en assistant à la messe et en conservant à chaque fois l'hostie qui lui avait été distribuée au moment de la communion.

L’Église catholique enseigne qu’après le rituel de la consécration sur l’autel par le prêtre, ces rondelles de pain sans levain deviennent le corps de Jésus-Christ, dans un renouvellement mystique de sa Passion sur la croix. Par conséquent les fidèles n’accordent pas la même sacralité aux hosties selon si elles ont été consacrées ou non. Après la consécration, l’hostie est destinée soit à être mangée par les fidèles en mémoire de la Cène, soit à être conservée au tabernacle, une armoire richement décorée qui témoigne du respect des croyants à l’égard de la «présence réelle» de Dieu dans les églises.

L’artiste Abel Azcona avait en outre mis en scène le vol des hosties consacrées en photographiant, avec un appareil dissimulé, la façon dont il avait dérobé ces objets sacrés au cours des messes auxquelles il avait assisté. Sans surprise, l’exposition avait suscité la tristesse des catholiques espagnols. L'archevêque du diocèse de Pampelune-Tudela, Mgr Francisco Perez, avait alors dénoncé «une profanation grave de l'Eucharistie, un fait qui offense profondément la foi et les sentiments catholiques et viole la liberté religieuse», et appelé les prêtres à célébrer des messes de réparation.

Les protestations des catholiques font partie de l’oeuvre, selon l’artiste

Devant l’indignation des fidèles, le maire de Pampelune Joseba Asiron, qui finançait pourtant l’exposition au titre du soutien aux activités culturelles par le conseil municipal, avait demandé à l’artiste de «reconsidérer» une partie du contenu de l’exposition, épinglé par une pétition et des manifestations - sans succès. Malgré les demandes insistantes des catholiques, l’édile n’avait pas pour autant exigé le retrait de l’exposition.

Une première procédure pénale intentée par l'Asociación de Abogados Cristianos avait été close en 2016, le juge estimant qu’aucune infraction n’avait été commise par l’artiste, car celui-ci n’aurait pas eu l’intention d’offenser les croyants et qu’il entendait seulement dénoncer les scandales de pédophilie dans l’Église.

Pourtant, dans un entretien au média en ligne espagnol CTXT, Abel Azcona explique avoir volontairement choisi d’utiliser pour son œuvre des hosties consacrées, et non de simples hosties (visuellement, la différence n’est bien sûr pas discernable) : «cela m’importait que les hosties aient de la valeur aux yeux des croyants», justifie-t-il. «Si je n’avais pas utilisé des hosties consacrées, les croyants ne seraient pas descendus dans la rue pour protester, et la performance n’aurait pas été complète», ajoute-t-il, semblant indiquer que l’offense faite aux croyants et les réactions suscitées en conséquence font partie intégrante de son œuvre.

L’Asociación de Abogados Cristianos a introduit deux griefs devant la CEDH : elle reproche à la mairie d’avoir organisé, financé puis refusé d’annuler l’exposition, et à la justice espagnole, de l’avoir déboutée de sa plainte contre l’artiste.

L’Espagne sanctionne le délit de blasphème

Dans sa décision d’irrecevabilité, la CEDH s’appuie surtout sur une faiblesse procédurale : les requérants, estime-t-elle, ont fait le choix d’une action pénale alors qu’ils auraient pu se tourner vers la justice administrative, en attaquant la décision par la municipalité de Pampelune de maintenir l’exposition malgré son devoir de «neutralité religieuse». La CEDH estime donc que les avocats chrétiens n’ont pas épuisé toutes les voies de recours interne avant de déposer leur requête. Dans d’autres circonstances, elle a pourtant jugé des affaires pour lesquelles toutes les voies de recours interne n’étaient pas épuisées.

Nicolas Bauer, juriste au Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), qui avait transmis des observations écrites auprès de la CEDH pour appuyer la requête, regrette toutefois cette décision d’irrecevabilité : «dans l’examen du second grief, la CEDH a procédé à un examen liminaire sur le fond et conclut que le juge espagnol a eu raison de débouter les plaignants. Pourtant, il y a des éléments dans l’instruction qui montrent que la justice n’a pas pris à sa juste mesure l’offense faite contre les chrétiens. Lorsque le juge d’instruction désigne les hosties consacrées comme de simples ’petits objets blancs’, il refuse de prendre en compte la valeur sacrée de ces hosties aux yeux des fidèles».

Contrairement à d’autres pays, l’Espagne reconnaît et sanctionne le délit de blasphème. Le Code pénal espagnol contient en effet des dispositions sanctionnant les actes qui «offensent les sentiments d'une confession religieuse légalement protégée dans une église ou un lieu de culte, ou une cérémonie religieuse» (article 524). Il sanctionne également «quiconque, afin d'offenser les sentiments des membres d'une confession religieuse, dénigre publiquement leurs dogmes, croyances, rites ou cérémonies en public, verbalement ou par écrit, ou insulte, également publiquement, ceux qui les professent ou les pratiquent» (article 525 § 1).

Dans d’autres circonstances, la CEDH a déjà reconnu par le passé la légitimité de dispositions légales prévenant le blasphème. Comme dans un jugement en 1996 où elle donnait raison à l’office britannique des visas cinématographiques, qui avait refusé d’accorder un visa à un film mettant en scène une relation érotique entre sainte Thérèse d’Ávila et un Christ en croix. La CEDH avait alors reconnu légitimes des dispositions pénales interdisant «un haut degré de profanation», établi à partir du degré de sacralité de l’objet profané.

Quant aux photos de l'exposition «Amen», elles avaient été vendues par l'artiste à la suite du succès médiatique rencontré par son installation à Pampelune (et nourri par le scandale), pour un montant de 285.000 €. 

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la révocation de l'évêque Joseph Strickland

Le Lun 13 nov 2023

Déclaration de Monseigneur Schneider au sujet de la révocation de Monseigneur Strickland

 

La seule accusation qui est maintenant sûre d’obtenir une peine sévère est le respect prudent des traditions des Pères. Cette phrase de la lettre 243 de Saint Basile (1) illustre bien la destitution de l’évêque de Tyler au Texas, son Excellence Joseph Strickland.

La destitution de l’évêque Joseph E. Strickland est un jour noir pour l’Église catholique

Nous assistons à une injustice flagrante envers un évêque qui a fait son devoir en défendant le caractère sacré de la liturgie, en particulier le rite immémorial de la messe. Tous comprennent, et même les ennemis déclarés de cet évêque conservateur, que les accusations portées contre lui sont disproportionnées et qu'elles sont utilisées pour faire taire une voix dissidente au sein de l’Église.

Le précédent de la crise arienne au IV siècle

Pendant la crise arienne de l'église au IVe siècle, des clercs furent destitués et exilés uniquement parce qu’ils prêchaient intrépidement la foi catholique traditionnelle. Cela se produit à nouveau à notre époque. Dans le même temps, des évêques soutiennent publiquement l’idéologie du genre. Ils invitent ouvertement leurs prêtres à bénir des couples de même sexe mais ils ne sont pas sanctionnés par le Saint-Siège pour cette hérésie. (2)

L’évêque Strickland entrera probablement dans l’histoire comme l'Athanase de l’Église aux États-Unis. Contrairement à Saint Athanase (3), Strickland n’est pas persécuté par le pouvoir laïque, mais par le pape lui-même. Une purge d’évêques fidèles à la doctrine apostolique a commencé peu après l'élection du pape François le 13 mars 2013. Elle entre maintenant dans une phase décisive.

Que le sacrifice que Notre Seigneur a demandé à l’évêque Strickland porte beaucoup de fruits spirituels. Les autres évêques fidèles à qui on a demandera de démissionner, devraient dire en toute sincérité le message suivant au pape François.

 « Saint Père, pourquoi nous persécutez-vous ? Nous avons essayé de faire ce que tous les saints papes nous ont demandé de faire. Avec l’amour fraternel qui nous anime, nous offrons notre destitution pour le salut de votre âme et la préservation de la Sainte Église romaine. Nous sommes vos meilleurs amis, Père très Saint !

+ Athanasius Schneider est l'évêque auxiliaire d'Astana, la capitale du Kazakhstan

(1) https://www.narthex.fr/blogs/ecrits-mystiques/basile-de-cesaree-dit-basile-le-grand-329-379

(2) https://fr.aleteia.org/2019/11/18/la-perversion-les-conseils-de-la-bible-pour-sen-proteger/

(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Athanase_d%27Alexandrie

Dans 2023

testament de l'abbé Cyril Gordien

Le Ven 12 mai 2023

Extraits du testament de l'abbé Cyril GORDIEN, curé de la paroisse Saint Dominique à Paris. 

Prêtre au cœur de la souffrance  (extraits de Famille Chrétienne)

la fermeture des lieux de culte pendant la pandémie 

Puis la crise du coronavirus est survenue. En mars 2020, six mois à peine après mon arrivée, la vie est paralysée. Je me retrouve totalement seul au presbytère et dans l’église, chacun étant parti se confiner ailleurs. Pour moi, une évidence s’impose : je ne peux pas célébrer la messe pour moi tout seul, en m’enfermant pour me protéger…Je ne suis pas prêtre pour moi, privant les fidèles des sacrements. Je décide de laisser l’église ouverte, toute la journée, et de célébrer la messe dans l’église, en exposant auparavant le Saint-Sacrement, me tenant disponible pour les confessions. Je n’ai prévenu personne, mais les fidèles sont venus d’eux-mêmes. J’assume pleinement ce choix, et ne le regrette en rien. Certains, partis en villégiature à la campagne, me l’ont reproché à distance. D’autres, à leur retour des confinements, m’ont fait de vifs reproches. Il est facile de critiquer quand on passe plusieurs semaines au soleil, en dehors de Paris…

Cette crise révèle un drame de notre époque : on veut protéger son corps pour préserver sa vie, fût-ce au détriment des relations personnelles et de l’amour donné jusqu’au bout. On veut sauver son corps au détriment de son âme. Que vaut une société qui privilégie de manière absolue la santé du corps, laissant des personnes mourir dans une solitude effroyable, les privant de la présence de leurs proches ? Que vaut une société qui en vient à interdire le culte rendu au Seigneur ?

 Aucune autorité humaine, gouvernementale ou ecclésiastique, ne peut s’arroger le droit d’empêcher Dieu de rassembler ses enfants, d’empêcher la manifestation de la foi par le culte rendu à Dieu. (…) Tout en prenant les précautions nécessaires contre la contagion, évêques, prêtres et fidèles devraient s’opposer de tout leur pouvoir à des lois de sécurité sanitaire qui ne respectent ni Dieu ni la liberté de culte, car de telles lois sont plus mortelles que le coronavirus » (Cardinal Sarah, Catéchisme de la vie spirituelle, Fayard, 2022, p. 67.)

+ Adoration permanente ?

Finalement, après toutes ces péripéties, nous parvenons à débuter l’Adoration comme prévu, le 10 novembre. Du mardi 8h jusqu’au vendredi 18h30, les fidèles se succèdent et se relaient pour adorer le Seigneur Jésus dans son Saint Sacrement. Comme prêtre, j’éprouve une immense joie à venir adorer au cœur de la nuit silencieuse. Je suis profondément heureux de voir les fidèles venir prier à toute heure, et constituer ainsi comme un foyer capable de rayonner de l’amour de Dieu. Je suis émerveillé devant ces jeunes, collégiens, lycéens ou étudiants, qui se sont engagés pour un créneau et qui viennent la nuit, ou bien juste à la sortie de leurs cours, sac au dos. Je suis admiratif devant ces pères de famille qui viennent dans la nuit, ou bien très tôt le matin avant de rejoindre leur lieu de travail, ou encore ces mères de famille qui emmènent leurs petits enfants. Je suis ému devant ces personnes âgées qui tiennent dans la fidélité, aux heures les plus mouvementées de la journée.

Tous, de toute condition et de tout âge, se sont  mobilisés  pour mettre le Christ au centre de leur vie, l’adorer, le prier, lui confier leurs intentions, et porter leur paroisse. Je suis convaincu que cela est source de nombreuses grâces pour chacun et pour la vie paroissiale, et que cette prière continue est la source de la fécondité des diverses activités pastorales. Avec la sainte Vierge, je m’écrie, le cœur rempli de gratitude : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon sauveur ! ».

Brebis ou loups déguisés ?

« Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car ton bâton me guide et me rassure ». J’ai souvent médité sur ce psaume qui m’assure du soutien du Seigneur dans les grands moments d’épreuve. Ces ravins de la mort prennent plusieurs aspects, que ce soit le combat spirituel ou la lutte contre la maladie. Seul, sans le Christ, il est impossible de se battre. Saint Pierre en a fait l’amère expérience, lorsqu’il se mit à couler parce qu’il avançait tout seul. Je saisis volontiers ce bâton du Seigneur, ce bâton qui fendit la Mer Rouge et perça le rocher. Ce bâton, c’est la houlette du Bon Pasteur. Et le pasteur a besoin de ce bâton pour chasser les bêtes sauvages, pour combattre les loups qui veulent s’emparer des brebis.

A l’intérieur de l’Église, des loups se sont introduits. Ce sont des prêtres, et même parfois des évêques, qui ne cherchent pas le bien et le salut des âmes, mais qui désirent d’abord la réalisation de leurs propres intérêts, comme la réussite d’une « pseudo-carrière ». Alors ils sont prêts à tout : céder à la pensée dominante, pactiser aves certains lobbies comme les LGBT, renoncer à la doctrine de la vraie foi pour s’adapter à l’air du temps, mentir pour parvenir à leurs fins.

J’ai rencontré ce genre de loups déguisés en bons pasteurs, et j’ai souffert par l’Église. Dans les différentes crises que j’ai traversées, je me suis rendu compte que les autorités ne prenaient pas soin des prêtres et les défendaient rarement, prenant fait et cause pour des récriminations de laïcs progressistes en mal de pouvoir et voulant une liturgie plate dans une auto-célébration de l’assemblée. Comme prêtre, pasteur et guide des brebis qui vous sont confiées, si vous décidez de soigner la liturgie pour honorer notre Seigneur et lui rendre un culte véritable, il est peu probable que vous soyez soutenu en haut lieu face aux laïcs qui se plaignent.

Ce curé courageux et intègre est décédé d'un cancer le 14 mars 2023. Il avait 48 ans.