Chrétiens en Ubaye

2021

Dans 2021

combien d'églises au milieu du village ?

Le Mar 13 juil 2021

La publication romaine du motu proprio de Benoît XVI en 2007 sur la messe en latin, avait été suivie, quatre jours plus tard, par celle d’un document de la Congrégation de la Doctrine de la Foi sur des aspects fondamentaux de l’Eglise du Christ. 

Est-ce, comme certains l’ont ressenti, un nouveau pavé dans la vitrine de l’œcuménisme, lancé par une Eglise catholique arrogante?

Rappelons tout de même le contenu des deux textes.

1/ la messe en latin, patrimoine de l’Eglise :

On a accusé Benoît XVI de retour en arrière par concession aux intégristes. Pourtant, il ne faisait que réactualiser ce que le Concile Vatican II avait déjà énoncé : le rite latin issu des premiers siècles reste valable à côté du rituel conciliaire promulgué par Paul VI en 1969. Mais l’apport de Vatican II est aussi réaffirmé, et la messe en langue moderne reste la forme habituelle de la célébration eucharistique. Avec le rappel de repères précis à observer dans le déroulement des célébrations pour éviter les dérives fantaisistes.

Après la promulgation des textes du magistère, des associations juives se sont inquiétées d’un retour possible à l’ancien rituel préconciliaire où les juifs étaient injustement maltraités dans la liturgie. Or en 1962 déjà, Jean XXIII avait définitivement aboli les malencontreuses expressions « perfidis judaeis », et l’autorisation du rite latin ne permet aucunement d’y revenir. 

La prière pour les juifs, datée de 1969 dit désormais ceci : « prions pour les juifs à qui Dieu a parlé en premier ; qu’ils progressent dans l’amour de son Nom et la fidélité à son Alliance : Dieu éternel et tout-puissant, toi qui as choisi Abraham et sa descendance pour en faire les fils de ta promesse, conduis à la plénitude de ta rédemption le premier peuple del’Alliance…» Rien ici d’insultant pour les fils d’Israël. Dans le fait de prier pour la teshuva – le retour vers Dieu – des enfants du peuple porteur de la Parole, il ne faut voir aucun prosélytisme chrétien. Ces prières demandent pacifiquement la conversion, le changement d’état d’esprit et de comportement, de tous ceux qui croient en l’alliance. Tournant définitivement la page des formulations antérieures empreintes d’antijudaïsme, il n’y a en réalité aucune intention récupératrice derrière ces expressions de foi bibliques familières aux prophètes d’Israël. Le souhait d’une plénitude finale dans la marche vers le monde à venir est une espérance commune à tous les croyants. 

2/ L’Eglise voulue par le Christ « subsiste » dans l’Eglise catholique :

C’est du côté protestant que sont venues les réactions critiques les plus radicales sur cette affirmation théologique, (subsistit) qui cependant n’est pas nouvelle puisqu’elle figure déjà dans Lumen gentium (1964). Du fait qu’aujourd’hui, au nom de la tolérance, le postulat le plus répandu est que toutes les croyances se valent, ce serait donc un crime de lèse-majesté sociologique que d’affirmer son identité et son affiliation à une tradition bimillénaire ? Exprimer la conviction que l’Eglise voulue par le Christ se retrouve de façon essentielle dans l’Eglise catholique, équivaut-il à disqualifier les autres ? Le document ne dit pourtant pas que l’Eglise du Christ se réduirait à l’Eglise romaine !

L’Eglise catholique romaine doit-elle solliciter un regard approbateur des autres confessions chrétiennes pour oser se définir dans ce qu’elle croit être fondamentalement, en lien avec ses origines? Si les Eglises de la Réforme ont fait le choix de se distinguer de l’Eglise romaine, sur des bases théologiques alternatives, qu’elles assument leur décision, pourquoi s’offusquent-elles de la différence qui en a résulté en matière d’ecclésiologie, de ministère, et d’éthique ? Sont-elles aussi sourcilleuses envers les positions de l’Eglise orthodoxe, membre avec elles du Conseil œcuménique des Eglises, lorsque celle-ci proclame dans sa charte qu’elle est la seule Eglise véritable ?

Dans ces communautés réformées séparées de Rome, il y a bien entendu des éléments de salut authentique reliés à l’Eglise-mère originelle, mais dans le protestantisme, la succession apostolique a été interrompue et la validité des ministères ordonnés a été abolie. Si messe et sainte cène, prêtres et pasteurs, étaient interchangeables, il n’y aurait déjà plus qu’une seule Eglise. Affirmer que l’unité est déjà faite, sous des prétextes prétendument prophétiques, ne fait que développer la confusion, c’est une posture déloyale envers les membres des différentes Eglises concernées. 

En résumé, deux conceptions de l’œcuménisme se révèlent inappropriées : la première qui consisterait à imaginer l’unité comme un retour mécanique de tous dans l’Eglise romaine. La seconde, qui concevrait l’unité comme une confédération passive de multiples communautés ecclésiales aux positions théologiques objectivement contradictoires.

Pour maintenir l’avenir ouvert, il est urgent que les chrétiens se respectent dans leurs affirmations de foi spécifiques, qu’ils renforcent les liens d’amitié, tout en progressant mutuellement, par un dialogue sincère, vers l’unité qui sera donnée d’en haut le jour venu. « Que tous soient un, afin que le monde croie ! » (Evangile de Jean). 

Le ressourcement des chrétiens aux racines communes toujours vivantes au cœur du judaïsme est en mesure de leur éviter de s’égarer sur des chemins divergents.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

Dans 2021

la foi judéo-chrétienne est le dernier rempart contre la grande réinitialisation

Le Mar 21 déc 2021

Un coup d’État est en train de se réaliser dans le monde entier, planifié depuis un certain temps par une élite de conspirateurs asservis aux intérêts de la haute finance internationale.

Ce coup d’État a été rendu possible par une pandémie qui repose sur la prémisse d’un virus dont le taux de mortalité est analogue à celui de la grippe, l’interdiction de traitements efficaces, et la distribution d’un sérum génétique expérimental qui est manifestement inefficace, et qui comporte aussi clairement le danger d’effets secondaires graves, voire mortels.

Nous savons tous à quel point les grands médias ont contribué à soutenir le récit insensé de la pandémie. Les intérêts en jeu et les objectifs de ces groupes de pouvoir visent à réduire la population mondiale et à faire de ceux qui sont vaccinés des malades chroniques, et d’imposer des formes de contrôle qui violent les droits fondamentaux et les libertés naturelles des citoyens. Et pourtant, deux ans après le début de cette farce grotesque, qui a fait plus de victimes qu’une guerre et détruit le tissu social, les économies, et les fondements de l’État de droit, rien n’a changé dans les politiques des nations et leur réponse à la soi-disant pandémie.

L’année dernière, alors que beaucoup n’avaient pas encore compris la gravité de la menace imminente, j’ai été parmi les premiers à dénoncer ce coup d’État, et j’ai été promptement montré du doigt comme un complotiste. Aujourd’hui, de plus en plus de gens ouvrent les yeux et commencent à comprendre que la pandémie et l’urgence écologique font partie d’un complot ourdi par le Forum Economique Mondial de Davos, l’ONU, l’OMS et une galaxie d’organisations et de fondations qui se caractérisent idéologiquement comme clairement antihumaines et – il faut le dire clairement – antichrétiennes.

L’un des éléments qui confirme sans équivoque la nature criminelle de la grande réinitialisation [great reset] est la parfaite synchronisation avec laquelle toutes les différentes nations agissent, démontrant l’existence d’un scénario unique sous une direction unique. Et il est déconcertant de voir comment l’absence de traitement, les décisions délibérément erronées qui ont été prises afin de provoquer davantage de décès, la décision d’imposer des confinements et des masques, le silence conspirateur sur les effets indésirables des soi-disant vaccins qui sont en fait des sérums génétiques, et la répétition continue d’erreurs coupables ont tous été possibles grâce à la complicité des gouvernants et des institutions.

Les dirigeants politiques et religieux, les représentants du peuple, les scientifiques et les médecins, les journalistes et ceux qui travaillent dans les médias ont littéralement trahi leur peuple, leurs lois, leurs constitutions et les principes éthiques les plus élémentaires.

La fraude électorale de l’élection présidentielle de 2020 contre le président Trump s’est révélé organique à cette opération globale, car pour imposer des restrictions illégitimes en violation des principes du droit, il fallait pouvoir se servir d’un président américain qui soutiendrait la psycho-pandémie et appuierait son récit. Le parti démocrate, qui fait partie de l’État profond, accomplit sa tâche en tant que complice du système, tout comme l’Église profonde trouve en Bergoglio [le pape François] son propagandiste.

Les récents arrêts de la Cour Suprême et l’action autonome de certains États américains – où l’obligation de vaccination a été déclarée inconstitutionnelle – nous donnent l’espoir que ce plan criminel puisse s’effondrer et que les responsables soient identifiés et jugés : tant en Amérique que dans le monde entier.

Comment a-t-il été possible d’en arriver à une telle trahison ?

Comment en sommes-nous arrivés à être considérés comme des ennemis par ceux qui nous gouvernent, non pas pour soutenir le bien commun, mais plutôt pour alimenter une machine infernale de mort et d’esclavage ? La réponse est désormais claire : dans le monde entier, au nom d’une conception pervertie de la liberté, nous avons progressivement effacé Dieu de la société et des lois. Nous avons nié l’existence d’un principe éternel et transcendant, valable pour tous les hommes de tous les temps, auquel les lois des États doivent se conformer.

Nous avons remplacé ce principe absolu par l’arbitraire des individus, par le principe selon lequel chacun est son propre législateur. [La philosophie de l’existentialisme] Au nom de cette liberté insensée – qui est licence et libertinage – nous avons permis de violer la loi de Dieu et la loi de la nature, en légitimant le meurtre des enfants dans le sein maternel, jusqu’au moment même de la naissance ; le meurtre des malades et des vieillards dans les services hospitaliers [l’euthanasie avec l’injection intraveineuse du Rivotril]; la destruction de la famille naturelle et du mariage ; nous avons reconnu des droits au vice et au péché, en faisant passer les déviations des individus [LGBT] avant le bien de la société. En bref, nous avons subverti tout l’ordre moral qui constitue la base indispensable des lois et de la vie sociale d’un peuple.

Déjà au quatrième siècle avant J.-C., Platon écrivait ces choses dans sa dernière œuvre, les Lois, et identifiait la cause de la crise politique athénienne précisément dans la rupture de l’ordre divin – le cosmos – entre ces principes éternels et les lois humaines. Ces principes moraux naturels du monde gréco-romain ont trouvé leur accomplissement dans le christianisme, qui a construit la civilisation occidentale en leur donnant un élan surnaturel.

Le christianisme est la plus forte défense contre l’injustice, l’oppression des puissants sur les faibles, des violents sur les pacifiques et des méchants sur les bons, car la morale chrétienne rend chacun de nous responsable de ses actes devant Dieu. Le Fils de Dieu, dont nous célébrerons la naissance dans quelques jours, s’est incarné dans le temps et dans l’histoire afin de guérir une ancienne blessure et de restaurer par la Grâce l’ordre brisé par la désobéissance. Sa royauté sociale a été le principe générateur de l’ordo Christianus que la franc-maçonnerie combat avec acharnement depuis deux siècles. La révolution qu’elle promeut est le chaos, le désordre, la rébellion infernale contre l’ordre divin pour imposer la tyrannie de Satan.

Maintenant, en voyant ce qui se passe autour de nous, nous comprenons combien étaient mensongères les promesses de progrès et de liberté faites par ceux qui ont détruit la société chrétienne, et combien était trompeuse la perspective d’une nouvelle Tour de Babel, construite non seulement sans égard pour Dieu, mais même en opposition directe avec Lui. Le défi infernal de l’ennemi se répète à travers les siècles sans changement, mais il est voué à un échec inexorable. Derrière cette conspiration millénaire, l’adversaire est toujours le même, et la seule chose qui change, ce sont les individus particuliers qui coopèrent avec lui.

Nous vivons un moment critique pour l’avenir de l’humanité. Mais l’urgence pandémique, la farce du réchauffement climatique et de l’économie verte, et la crise économique délibérément induite par la grande réinitialisation de Davos avec la complicité de l’État profond, ne sont que la conséquence d’un problème beaucoup plus grave, et il est essentiel de le comprendre en profondeur si nous voulons le vaincre.

Ce problème est essentiellement moral ; en fait, il est religieux. Nous devons remettre Dieu à la première place non seulement dans notre vie personnelle, mais aussi dans la vie de notre société. [l’abolition de la laïcité en France] Il faut rendre à notre Seigneur Jésus-Christ la couronne d’épines que la révolution lui a arrachée, et pour cela il faut une véritable et profonde conversion des individus et de la société. Car il est absolument impossible d’espérer la fin de cette tyrannie mondiale si nous continuons à écarter du Royaume du Christ les nations qui lui appartiennent.

C’est pourquoi le mouvement pour l’annulation de l’arrêt Roe versus Wade de la Cour Suprême, en 1973, acquiert une signification capitale, car le respect du caractère sacré de la vie à naître doit être sanctionné par le droit positif pour être le miroir de la Loi éternelle. [Le droit naturel est un ensemble de normes juridiques qui prend en considération la nature de l’homme et sa finalité] Vous êtes animé d’un désir de justice, et c’est un désir légitime et bon. « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, » dit le Seigneur (Matthieu 5, 6). Mais cette justice doit se fonder sur la conscience qu’il s’agit d’une bataille spirituelle dans laquelle il est nécessaire de prendre parti sans équivoque et sans compromis, en retenant des références transcendantes et éternelles que même les philosophes païens ont entrevues et qui ont trouvé leur accomplissement dans la révélation du Fils de Dieu, le Maître Divin.

Mon appel à une alliance antimondialiste – que je renouvelle aujourd’hui – vise précisément à constituer un mouvement de renaissance morale et spirituelle qui inspire l’action civile, sociale et politique de ceux qui ne veulent pas être réduits en esclavage par le nouvel Ordre Mondial de Davos. Un mouvement qui, au niveau national et local, sera capable de trouver un moyen de s’opposer à la grande réinitialisation et qui coordonne la dénonciation du coup d’État qui est actuellement en cours.

Nous pouvons perturber son action criminelle qu’il entend poursuivre et le forcer à reculer. En cela, l’opposition à la farce de la pandémie et à l’obligation vaccinale doit être déterminée et courageuse de la part de chacun d’entre vous. La vôtre doit donc être une œuvre de vérité, mettant en lumière les mensonges et les tromperies du nouvel Ordre Mondial et leur matrice antihumaine et anti christique. Et en cela, ce sont principalement les laïcs et toutes les personnes de bonne volonté – chacun dans le rôle professionnel et civil qu’il occupe – qui doivent se coordonner et s’organiser ensemble pour opposer une résistance ferme mais pacifique, afin de ne pas légitimer sa répression violente par ceux qui détiennent aujourd’hui le pouvoir.

Soyez fiers de votre identité de patriotes et de la foi qui doit animer votre vie. Ne permettez à personne de vous faire sentir inférieurs simplement parce que vous aimez votre patrie, parce que vous êtes honnêtes au travail, parce que vous voulez protéger votre famille et élever vos enfants avec des valeurs saines, parce que vous respectez les personnes âgées, parce que vous protégez la vie de la conception à sa fin naturelle.

Ne vous laissez pas intimider ou séduire par ceux qui propagent un monde utopique dans lequel un pouvoir sans visage vous impose le mépris de la Loi de Dieu, présente le péché et le vice comme licites et désirables, méprise la droiture et la morale, détruit la famille naturelle et promeut les pires perversions, planifie la mort de créatures sans défense, et exploite l’humanité à son profit. Ne suivez pas ceux de vos pasteurs qui ont trahi le mandat qu’ils ont reçu de notre Seigneur, qui vous imposent des ordres iniques ou qui restent silencieux devant l’évidence d’un crime inouï contre Dieu et l’humanité.

Que ce Saint Noël illumine vos esprits et enflamme vos cœurs devant l’Enfant Roi couché dans la crèche. Et de même que les chœurs des anges et l’hommage des mages s’unissaient à la simple adoration des bergers, de même aujourd’hui votre engagement pour la renaissance morale – une nation placée sous Dieu – aura la bénédiction de notre Seigneur et rassemblera autour de vous ceux qui vous gouvernent. Amen. Que Dieu vous bénisse !

par Monseigneur Carlo Maria Viganò, archevêque et nonce apostolique, le 18 décembre 2021

 

Dans 2021

la double peine des paroissiens

Le Sam 13 nov 2021

Par Bernard Hawadier pour le site Boulevard Voltaire

 

Les décisions des évêques de France en vue d’indemniser les victimes d’abus sexuels semblent bien accueillies.

Les réparations de ces ignominies qui doivent être à la mesure des fautes morales commises soulèvent des interrogations.

L’argent peut-il tout réparer ? L’Église, dont le champ d’action est spirituel et moral, n’est-elle pas en mesure d’offrir autre chose ? Serait-elle à ce point coupable et discréditée qu’elle, l’experte en humanité, en charité, elle, le corps mystique du Dieu d’amour, ne puisse rien proposer d’autre que de l’argent ?

Une fois que l’on a dit cela, les chèques étant indispensables, le problème est de savoir quelle est la nature de la responsabilité de la hiérarchie et comment il est possible de mettre en place une indemnisation financière.

En droit français, celui qui doit indemniser doit préalablement être responsable. Une personne physique ou morale est responsable des actes qu’elle commet et, dans certains cas, du fait d’autrui. La responsabilité pour autrui est celle des commettants du dommage causé par leurs préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont employés. Il faut un lien de préposition et l’absence d’abus de fonction de la part du préposé.

Dans ces conditions, l’Église est-elle responsable des préjudices causés par les crimes de ses prêtres ?

Sur le plan juridique, l’Église n’existe pas. Il n’y a que des diocèses, en fait des associations diocésaines propriétaires d’un certain nombre de biens. Quant à la paroisse, elle n’est pas dotée de la personnalité morale. Elle est un établissement particulier de l’association civile diocésaine.

Ainsi, seules les associations diocésaines ont la personnalité morale et pourraient voir leur responsabilité être recherchée.

Le prêtre n’est juridiquement pas l’Église. Le contrat qui se conclut avec son évêque au moment de son ordination s’analyse en un contrat synallagmatique source d’obligations réciproques mais pas en un contrat de travail.

Ce contrat ne peut être assimilé à un contrat de salariat ou de louage de service, car il serait alors nul puisqu’il consacrerait un engagement à vie alors qu’on ne peut louer ses services qu’à temps. Il n’y a, de toute façon, pas de lien de subordination au sens du droit français.

Les associations diocésaines ne sont donc pas responsables des actes des prêtres.

Obligation morale oui. Obligation juridique non.

Les évêques ont souscrit une obligation naturelle, morale, de procéder à l’indemnisation des victimes des actes commis par les prêtres à laquelle ils n’étaient pas contraints.

Mais une vraie difficulté se pose eu égard au fait que, pour procéder à cette indemnisation, les évêques vont devoir disposer des biens des associations diocésaines qui ne proviennent, en réalité, que de l’argent des paroissiens et, plus généralement, des donateurs.

Or, il ne fait aucun doute qu’à aucun moment ni les donateurs ni les paroissiens n’ont entendu que leur argent, librement donné, soit utilisé à cette fin.

Lorsque les évêques de France décident, en assemblée générale, d’organiser une procédure d’indemnisation et de le faire au moyen des biens des associations diocésaines ou de prêts qui devront ensuite être remboursés, ils utilisent des actifs à d’autres fins que le culte divin ; ce culte qui a justement été profané par certains prêtres dont il s’agit de réparer les errements ! Comment peut-on faire supporter aux paroissiens les agissements de clercs défaillants ? Au nom d’une responsabilité collective qui leur est étrangère ? Pourquoi priver les fidèles des ressources nécessaires au culte pour lequel ils consentent déjà tant de sacrifices ? Cela ressemble à une double peine…

source : https://leblogdebernardhawadier.blogspot.com/

 

== commentaire  ===

La proportion de pédophiles est la même dans l'église, l'école ou la colonie de vacances. Mais comme il y a énormément plus d'écoliers que de catéchistes, il y a forcément plus de cas de pédophilie commis dans l'école que dans l'église.

En appliquant le même principe de réparation financière, il faudrait vendre des milliers d'écoles pour indemniser les victimes. Ce serait une double peine pour les contribuables et les parents d'élèves. Qu'il soit appliqué à l'église ou à l'école, ce principe de réparation financière est une absurdité. La France est devenue un Absurdistan avec les progressistes.

La profession journalistique et la magistrature qui sont très orientées sur un plan idéologique n'enquêteront jamais sur les cas de pédophilie commis dans les écoles publiques. C'est toujours le deux poids, deux mesures dans une république anticléricale depuis sa fondation après la défaite de l'armée impériale à la bataille de Sedan le 1 septembre 1870. 

Rappel historique

Le principe de réparation financière a été appliqué une fois dans l'histoire. Ce fut lors du traité de Versailles du 28 juin 1919. "L'Allemagne paiera!" était la revendication majeure du gouvernement français de Georges Clemenceau qui fut entérinée par les Alliés.

Cela entraîna l'hyper-inflation qui ruina l'Allemagne entre les années 1921 et 1924. Ce traité humiliant favorisa l'émergence du revanchisme incarné par le Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (NSDAP). Ce parti socialiste des travailleurs allemands se dota d'un chef charismatique qui s'appelait Adolph Hitler. 

" Ils n'ont rien appris ni rien oublié, " disait Talleyrand à propos du retour des nobles à la restauration de la monarchie en 1815.

C'est le même constat à propos des républicains de la III ou de la V république qui veulent en finir avec l'église.

Pauvre France !

 

Bernard Martoïa

 

Dans 2021

message du père Pierre Gérard

Le Dim 12 sept 2021

Quand je fus ordonné prêtre, le 11juin 1989, je n’aurais jamais cru devenir un jour le curé de Barcelonnette et de la vallée de l’Ubaye. Mon horizon se situait alors dans le diocèse de Marseille pour lequel je venais de m’engager.

Mais le Seigneur écrit droit avec des lignes courbes et il sait bien mieux que nous comment nous devons le servir : par deux fois il m’aura appelé au service de ce beau diocèse de Digne.

La première fois c’était il y a six ans, dans l’urgence du remplacement du père Claude Listello qui, brutalement atteint par la maladie qui finit par l’emporter, ne pouvait plus assurer son ministère dans le secteur du bas Verdon. Je quittais donc mes cinq paroisses marseillaises, les paroisses de Pagnol, pour venir durant sept mois dans votre diocèse.

A mon retour je fus nommé Curé-Recteur de l’Abbaye st Victor, là encore, je ne pensais pas revenir un jour dans la Provence de Giono… et pourtant, après seulement cinq années me voici de nouveau chez vous.

Beaucoup m’ont demandé pourquoi ? Pourquoi je quittais St Victor après seulement cinq ans ? Pourquoi je quittais mon diocèse ? Pourquoi je partais si loin ?...

La réponse est pourtant simple : Parce que j’y ai été appelé !

Appelé par Mgr Nault qui a écrit à Mgr Aveline  son inquiétude devant le départ à la retraite du P. François Marot car il n’avait personne pour le remplacer. Mais surtout par N.D de Guadalupe, puisque le lendemain même où la question m’a été posée, c’était sa fête. J’y ai vu un beau signe du ciel et c’est donc elle qui a remporté mon acquiescement.

Ainsi après 32 ans de ministère, j’ai l’impression de commencer une nouvelle vie, un peu comme un enfant qui a tout à découvrir : les merveilles de cette vallée que j’ignore encore, les visages et les cœurs de chacun de vous vers qui j’ai été envoyé et surtout  la manière dont nous allons essayer de vivre et de prier ensemble pour témoigner de l’amour du Seigneur au cœur de notre vallée.

Je viens chez vous avec un rêve : Qu’un jour nos églises et nos chapelles fassent retentir en même temps leurs cloches pour annoncer le rendez-vous de la prière et que chacun là où il est, dans son église ou dans la chapelle voisine, puisse faire monter vers le ciel une belle prière d’amour…

Si Dieu le veut, j’espère de tout cœur que ce beau rêve puisse un jour devenir réalité !

Que la sainte Vierge qui m’a conduit jusqu’ici, nous guide à la suite de son Fils et qu’elle nous redise toujours sa parole aux serviteurs de Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira ! »

 

P. Pierre  GERARD

Dans 2021

l'Occident est-il atteint de la maladie d'Alzheimer ?

Le Dim 30 mai 2021

La plupart des pays occidentaux, dont l’histoire a été profondément façonnée par le judaïsme et le christianisme, voient aujourd’hui la pratique religieuse désertée par les nouvelles générations. Celles-ci sont bien souvent ignorantes du patrimoine spirituel de leur civilisation et inconscientes du potentiel humaniste qu’il recèle face aux enjeux d’avenir.

Sous l’influence de sciences telles que la sociologie, ou la politologie, et avec un fort a priori idéologique, les religions sont continuellement décriées et accusées d’être les marqueurs et les déclencheurs de conflits meurtriers entre les peuples ou les groupes humains.

Des situations historiques choquantes du passé sont souvent sorties caricaturalement de leur contexte pour montrer du doigt des chrétiens ou des représentants de l’Eglise dont le comportement n’était pas à la hauteur de leur mission. Les intellectuels d’un occident chrétien devenu laïque n’ont pas hésité à forcer la note – quitte à utiliser des critères anachroniques – pour critiquer globalement le christianisme historique, tout en laissant complaisamment dans l’ombre d’autres croyances et options beaucoup plus problématiques. L’historien français et catholique René Rémond a d’ailleurs publié une étude éclairante sur ce thème: « le christianisme en accusation »…

Dans le monde d’aujourd’hui, la plupart des zones de conflit sont directement liées à une confrontation religieuse qui recoupe celle du projet de conquête universelle de l’islam. La répétition des attentats meurtriers, les multiples menaces qui pèsent sur le monde libre et démocratique incitent les opinions publiques mal informées à mettre négativement sous le même registre toutes les religions, à partir de la seule posture islamique dont les effets violents inondent les médias.

Dans la conjoncture actuelle, on a pu remarquer combien les Eglises chrétiennes sont particulièrement ciblées par les critiques unilatérales des faiseurs d’opinion…Mais cela n’est pas étranger aux partis-pris journalistiques reflétant les stratégies des décideurs économiques et des politiciens qui influent sur les destins des peuples à l’époque d’une mondialisation ravageuse.

C’est dans ce contexte que des oppositions virulentes de parlementaires européens s’étaient manifestées lors de l’élaboration de la charte de l’Union européenne pour empêcher catégoriquement que soit mentionné l’héritage judéo-chrétien comme contributeur majeur de l’histoire du vieux continent…

 Nouvelles cultures

Ces prises de position ne tombent pas du ciel et ne sont pas le seul fruit de manœuvres maçonniques dont les réseaux s’activent à tous les niveaux pour subvertir les valeurs dites « traditionnelles », ce qui est à leurs yeux méprisants une marque de discrédit infâmant. On doit donc s’interroger sur une certaine vision philosophique du monde extrêmement réductrice ainsi que sur son emprise grandissante auprès des jeunes. Ce sont en effet ces générations montantes imprégnées de relativisme qui feront le monde de demain, en ce troisième millénaire commençant.

De nouvelles cultures sont en train de se constituer, autour de concepts et de critères aléatoires, à travers nos systèmes socio-politiques, en particulier par des moyens audio-visuels invasifs. Toutes ces représentations commercialisées du monde et de l’humain véhiculent une perception subliminale de l’humanité qui est loin d’être neutre et sur laquelle il faut s’interroger, car l’enjeu est fondamental : au-delà de la survie d’institutions confessionnelles, la crise met en cause avant tout la destinée de l’être humain et sa qualité de vie.

En d’autres termes, quel type d’homme sommes-nous actuellement en train de faire émerger pour les temps à venir ? Par quoi seront animés les jeunes qui se forment aujourd’hui dans les écoles et dans les universités ? Peuvent-ils acquérir une vision globale constructive alors que la thématique des « produits médiatiques » dont ils s’alimentent est axée sur la consommation individualiste, sur le sexe et la violence, dans une logique qu’on peut qualifier bien souvent de culture demort, parce qu’elle nie par beaucoup d’aspects la dignité et les capacités créatrices de l’être humain ?

Un des caractères essentiels des religions historiques telles que le judaïsme, et le christianisme, c’est de permettre aux hommes et aux femmes  concrets de notre temps de se référer à des valeurs spirituelles fondamentales qui conditionnent l’avenir, en s’inscrivant dans une tradition plurimillénaire qui transcende les générations car elle a profondément marqué l’histoire du monde.

Ces questions fondamentales habitent sans doute la plupart des êtres humains, mais plus explicitement les croyants issus de la relation au Dieu vivant et Un, dont Abraham a fait l’expérience voici trente huit siècles, en faisant rupture avec l’univers de l’idolâtrie! Abraham a fait confiance au mystérieux appel qui résonnait en lui, et il s’est mis en route résolument vers une vie différente à découvrir, en relation avec un Autre qui parlait à son cœur…Cette nouvelle manière d’exister en tant qu’homme et croyant a eu pour conséquence de lui ouvrir, selon la  promesse, une postérité spirituelle impressionnante, dont nous sommes issus, juifs et chrétiens, grâce à nos appartenances et aux acquis de nos traditions respectives…

A condition de franchir le seuil répulsif des clichés, judaïsme et christianisme restent donc aujourd’hui des ressources existentielles vitales pour des masses innombrables d’hommes et de femmes, situés dans la vie comme membres d’une culture ou comme croyants, et  appartenant à des communautés aux spiritualités spécifiques porteuses de valeurs pour les choix de vie quotidiens.

Positivisme

Au 19ème siècle, les positivistes estimaient que la religion n’est qu’une forme primitive et aléatoire de compréhension du monde qui devait être remplacée par la pertinence des sciences et par le progrès illimité. Pour les marxistes, la religion n’était qu’une superstition émanant du système, liée à une perception de la réalité déformée par les injustices sociales, et donc une imposture en vue de s’approprier du pouvoir et de l’argent.

En réaction à ce rationalisme simplificateur, des philosophes essayèrent de mettre en valeur le caractère spécifique et irremplaçable du facteur religieux dans la société. Au début du 20ème siècle, les découvertes de la phénoménologie religieuse de spécialistes tels que Mircea Eliade et d’autres, eurent l’intérêt de faire apparaître le caractère primordial et irréductible de l’élément « religion », et cela sans pour autant dévaloriser la démarche des sciences. Il est inutile de rappeler en passant l’importance quantitative et qualitative des croyants dans le développement de la science.

Sacré

Le sacré correspond à un aspect fondamental de l’être humain, et qui n’est le produit de rien d’autre: il a sa valeur par lui-même, dans l’ordre de la gratuité. L’expérience religieuse est un processus intime qui met l’homme en relation avec le monde sans se réduire aux dimensions actuellement connues de ce monde.

Cela rejoint ce que tout être humain peut expérimenter lorsqu’il perçoit dans sa vie une dimension plus profonde que la sphère du vécu quotidien et profane: par exemple, la contemplation d’un ciel étoilé et la perception des espaces cosmiques infinis peut éveiller (comme chez Pascal) un sentiment de sacré, d’infini et d’absolu. Dans la vie de chaque jour, on peut également vivre les événements avec une singulière résonance spirituelle: dans le cas d’un accident, on peut y voir une simple malchance ou l’interpréter comme un signal à méditer. Quelqu’un en permanence, et sans que l’on en ait tellement conscience, nous fait chaque jour le cadeau de la vie, une main invisible nous guide dans nos labyrinthes émotionnels !

Dans le domaine de la vie morale, chacun peut être confronté à un choix décisif, et se sentir au plus profond de soi appelé, sollicité à répondre à un appel qui ressemble à un devoir sacré, ou à une mission qui dépasse l’individualité, en lien avec une réalité mystérieuse qui s’impose et apparaît plus signifiante que le temps qui s’écoule.

Si je suis un pratiquant juif, ou chrétien, ou gardant un lien culturel avec l’une de ces traditions, je trouve dans ma sphère religieuse de quoi être sans cesse éveillé au réel, et aussi de quoi confirmer mon adhésion à Dieu tout en approfondissant en quoi cette mise en mouvement spirituelle m’aide à m’améliorer en tant qu’être humain vivant parmi d’autres êtres humains, attentif à la marche du monde.

Pour certaines personnes très imprégnées de religiosité, c’est le monde lui-même qui est sacré. Il y aurait dans la matière elle-même du divin qui lui permettrait d’auto-alimenter sa propre évolution au cours des siècles et des millénaires, et c’est cette matière éternelle qui serait à l’histoire son propre moteur. L’homme ne serait qu’un produit parmi d’autres de cette évolution, et il n’aurait donc de compte à rendre qu’à lui-même, la transcendance étant illusoire…Cette sensibilité philosophique revient en force actuellement dans le lien affectif à la nature que certains promeuvent et au travers duquel ils perçoivent des énergies divines dans tout ce qui vit. Dans cette optique, Dieu n’est plus qu’une énergie panthéistique diffuse qui vibre dans les êtres vivants et dans la matière, il suffit de la capter pour se sentir bien…

Au regard de la révélation biblique, en revanche, le monde n’est pas sacré en lui-même, il est créé par Dieu. Le Livre de la Genèse montre bien cette désacralisation des croyances astronomiques : ce ne sont pas les astres qui décident des destins humains. Dieu maintient en quelque sorte ce monde au-dessus du néant et lui donne l’être en permanence. La matière ni l’être humain ne sont à eux-mêmes leur propre Source. L’humain se reçoit d’une entité supérieure avec laquelle il peut entrer en synergie. Le Dieu de l’Alliance est le Dieu de la relation et du dialogue intérieur.

L’accueil par le croyant de cette réalité transcendante et créatrice de Dieu qui parle à l’homme, et qui le fait progresser sur le chemin de sa destinée, donne du sens à l’existence. C’est ainsi que la tradition biblique confie à l’homme la mission de perfectionner la création, le tikun olam, parfaire le monde.

Ersatz

Les civilisations modernes, à l’exception des pays peu développés, ne permettent plus aussi simplement de ressentir ce qui constitue le cadre de vie quotidien comme chemin d’une autre réalité plus subtile. Les objets et les modes de vie fabriqués par l’homme grâce aux technologies ont tendance à repousser vers la marge la dimension du sacré et l’expérience religieuse. Le visible occupe tout le champ de conscience et détourne de l’invisible. Tout devient consommable.

Mais le risque pour la qualité de la vie est considérable, si l’on perd de vue à cause d’un rideau de fumée l’importance de la dimension religieuse et des implications éthiques qui y sont liées. Bien souvent, ce sont des ersatz de religion qui prennent la place des vraies valeurs spirituelles, et une religiosité individuelle superficielle et jetable prétend se substituer à la véritable culture traditionnelle du sacré, comme dans un fast-food spirituel! Cela explique en partie la progression des mouvements marginaux et pseudo-mystiques, en parallèle aux grandes traditions religieuses, et qui correspondent bien souvent, sous un emballage de nouveauté attirante, à de vieilles croyances recyclées…

La crise de la culture moderne ou post-moderne semble directement liée à la crise religieuse, principalement en Occident.

Dans l’antiquité, l’homme pouvait vivre son expérience religieuse en lien avec la nature et au cœur des événements de son existence. Tout était rempli de sens pour lui sur un mode poétique et mystique. L’accès à Dieu lui semblait direct.

Aujourd’hui, plus la conscience de la valeur spirituelle du vécu se perd, plus la relation de l’homme avec lui-même et avec le monde va s’altérer, et plus l’humanité va se fragiliser. Beaucoup recherchent plutôt la sensation immédiate, la séduction de l’instant, et on assiste à une fragmentation des comportements, par une réticence à l’adhésion profonde à des convictions éthiques exigeantes et à l’engagement de soi dans un projet de vie durable. Les performances techniques de notre société – aux possibilités fantastiques, comme par exemple dans le domaine médical – ne seraient alors qu’une façade qui cache un certain vide, et l’homme généré par ce système dénué d’ancrage religieux ne serait qu’un colosse aux pieds d’argile quelque peu schizophrène! « Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il y perd son âme? » L’idéologie de l’humanité « augmentée » et robotisée va dans cette direction. Le sacré n’a pas disparu de nos champs de vision, il s’est surtout déplacé, a quitté le religieux pour s’investir dans des objets qui ne le méritent pas. Les conséquences de cette confusion peuvent être catastrophiques !

Or nos traditions religieuses nous rappellent prophétiquement que l’homme n’est pas fait pour vivre dans l’insignifiance. « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu! » Il y a en l’être humain une voix mystérieuse qui l’appelle à dépasser sa brisure des origines, à surmonter ses pulsions de violence ou de délire, à accepter des repères pour tracer des voies d’humanité et créer du lien.

Car l’homme ne peut être à lui seul son propre sauveur, son propre guide. Prétendre receler en soi-même ses propres fondements ontologiques comme l’ont affirmé Marx, Nietzsche, Freud et Sartre expose à des dérives existentielles dramatiques et à des désillusions tragiques… Le drame de l’existentialisme athée est d’avoir posé le postulat: si Dieu existe, la consistance de l’homme disparaît; pour reconquérir son autonomie, son seul recours est de rejeter Dieu. Mais ceux qui croient en un Dieu qui ne soit pas une idole mortifère savent au contraire que plus Dieu est présent dans la vie des humains, plus l’homme existe, car dans la Bible, Dieu n’est pas le rival de l’homme, mais son meilleur soutien! Qui est le meilleur garant de la vérité et de la justice, sinon Dieu ?

Le rejet philosophique d’un Dieu allié de l’homme conduit à un désenchantement source d’angoisse et de déprime. Combien de nos contemporains ne souffrent-ils pas de ces traumatismes de l’âme, parce qu’ils se sont heurtés à la nocivité des autoproclamations du salut de l’homme par lui-même? S’exposer au néant expose à l’attraction d’un vide mortel.

Désenchantement

Combien de jeunes n’ont-ils pas sombré dans la désespérance et dans la drogue à partir de cette impression qu’ils sont au monde finalement sans raison et sans but, et que, Dieu n’habitant plus les églises et les temples fermés pour cause d’inventaire, personne ne les accompagne dans l’existence ?

Le mythe du progrès illimité fait perdre à l’être humain sa conscience d’être sur terre pour répondre à un projet qui vient de plus loin que les simples contingences matérielles du moment. Ce qui suppose de reconnaître que la vie nous est confiée avec un aboutissement à réaliser par une attitude de vie, à gérer jour après jour. Individuellement et collectivement.

S’il n’y a pas de perspective à l’aventure humaine avec cette dimension du mystère de la vie qui prend sa source en Dieu, et se poursuit dans la responsabilité de l’homme, alors il y a risque de disparition, et du sens et de l’éthique, tous deux indispensables pour que la planète soit habitable.

Car, comme le disait Teilhard de Chardin, il ne suffit pas qu’il y ait des hommes sur terre, l’hominisation ne suffit pas, il faut une humanisation des personnes et des groupes, aux prises avec tant de défis redoutables à relever. La survie de l’humain vraiment humain ne sera possible qu’en réintégrant la dimension spirituelle, c’est à dire avec l’apport irremplaçable de la foi monothéiste, dans ses traditions juive et/ou chrétienne. La notion d’incarnation dans la théologie chrétienne n’a pas d’autre perspective.

Quel type de connaissance de Dieu est aujourd’hui crédible, quelles sont les voies de l’expérience spirituelle qui doit hisser les hommes à un niveau d’humanité qualitativement meilleur?

Foi chrétienne

En partant de la foi chrétienne, présente sur terre depuis 20 siècles, on aborde un rapport à Dieu qui se situe à l’intérieur d’une histoire sainte plus ancienne, une histoire du salut initiée dans la vie d’un petit peuple, Israël, porteur d’une Parole, pour lui-même d’abord, mais aussi pour toute l’humanité depuis 35 siècles. Chez les chrétiens, disciples de Jésus, cette foi biblique se célèbre de manière trinitaire.

Parler de Dieu Trinité à des non chrétiens peut paraître à première vue éloigné du pur monothéisme. Pourtant, les disciples du Christ aux premiers siècles de notre ère, n’ont jamais eu le sentiment d’attenter dans leur foi à l’unicité transcendante de Dieu. Ils ont continué, comme leurs frères aînés juifs, de croire au Dieu unique, le Père, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de Moïse et des prophètes d’Israël. La Bible des chrétiens comporte intégralement la bible hébraïque, sans laquelle l’évangile n’aurait pas de sens. Cela, parce qu’ils ont reconnu en Jésus la présence même de Dieu, une présence personnelle, une incarnation historique unique de l’Amour éternel de Dieu, avec  le don de l’Esprit qui actualise cette présence dans les générations successives et dans les cultures du monde entier.

Le Dieu des chrétiens n’est donc pas trois, comme l’imagine le Coran, mais Un, en ses trois visages, du Père, du Fils et de l’Esprit. Les premiers disciples du Christ récitaient d’ailleurs le shema israël durant les décennies initiales. L’être de Dieu est unique, et comme le disait un mystique chrétien en réponse à un musulman : le soleil, son rayonnement et sa lumière ne font pas trois soleils !

Jésus a tellement impressionné ses contemporains, tant par sa parole que par son action, qu’ils ont été nombreux à reconnaître en lui la Parole et la Sagesse de Dieu, le profil du Fils qui communique la vraie filialité.

Depuis son origine, l’Eglise chrétienne est vitalement liée au judaïsme. Elle peut même être considérée comme une branche du judaïsme de l’époque de Jésus, qui était lui-même un juif pratiquant appartenant à la mouvance pharisienne du rabbi Hillel, un sage en même temps très proche de l’Ecriture et très proche de la vie des gens. Jésus n’était ni fondamentaliste ni légaliste, et il croyait à un Dieu de tendresse et de pardon qui recherche sa gloire dans la réussite de la vie des hommes et leur transfiguration en éternité.

Après la mort et la résurrection de Jésus, ses disciples ont célébré sa présence dans le mémorial de la cène, et dans son enseignement, qu’ils se sont efforcés de vivre comme une bonne nouvelle, c’est-à-dire un évangile destiné aux juifs comme aux païens sympathisants. Sous l’impulsion de Paul, la communauté ecclésiale s’est élargie à des membres venus du paganisme et c’est ce qui a peu à peu modifié les équilibres de départ: devenus majoritaires, les pagano-chrétiens ont fait sentir leur culture grecque, et la judéité de la foi chrétienne s’est estompée, pour aboutir à une distanciation. Ainsi, avec la rupture progressive entre la Synagogue et l’Eglise au cours des 4 premiers siècles, l’antijudaïsme s’est malencontreusement développé au sein même des communautés chrétiennes.

A l’époque des Pères de l’Eglise, comme Chrysostome, des attitudes hostiles envers les juifs et la synagogue se sont affirmées jusqu’à devenir pure agressivité, rejet, puis persécution, ce qui a contaminé et infléchi la doctrine de l’Eglise pendant de longues périodes de l’histoire en Orient et en Occident. Cette tendance est devenue hélas dominante, même si à toutes les époques de cette sombre et ingrate inimitié il y a eu des papes, des évêques, des prêtres et des laïcs proches des juifs et conscients de l’héritage incomparable reçu d’Israël. Toutefois, il faut reconnaître que jusqu’à Vatican II, l’Eglise se pensait globalement comme étant le substitut d’Israël, « Verus Israel« . C’était la fausse théologie de la substitution.

La tragédie de la Shoah a été l’aboutissement des idées antijudaïques martelées dans les esprits durant des générations. La conférence épiscopale allemande, dans sa demande de pardon à la communauté juive, affirmait que la voie de l’extermination des juifs avait été pavée durant des siècles par les concepts théologiques chrétiens. Le terme d’antisémitisme avait été forgé en 1879 par le pamphlétaire allemand Wilhelm Marr non pas pour désigner le rejet des sémites en général, mais en réalité exclusivement des juifs.

Après les horreurs du nazisme, des chrétiens ont pris la mesure de cette injustice fondamentale du point de vue chrétien jusqu’ici dominant, et une conférence œcuménique a d’abord eu lieu à Seelisberg en 1947. Cela a été le prélude à un grand virage, tardif, mais qu’il faut saluer et qui a été l’œuvre de Jean XXIII et du concile Vatican II, ainsi que de la persévérance de personnalités juives comme Jules Isaac, admirateur de Charles Péguy.

La déclaration nostra aetate a réitéré en 1965 ce qu’avait déjà souligné le concile de Trente au 16ème siècle, à savoir que le peuple juif ne pouvait pas être tenu pour  responsable de la condamnation de Jésus à la crucifixion. Jésus a donné sa vie pour les péchés de tous les hommes. Après cette étape du concile, la pseudo-théologie du remplacement était définitivement abolie.

Retour aux sources

Toute une réflexion théologique a suivi cette nouvelle impulsion, dans un authentique esprit d’humilité et de retour aux sources, car il s’agissait de redécouvrir combien les Eglises chrétiennes ont reçu du peuple d’Israël, dont l’alliance n’a d’ailleurs jamais été révoquée par Dieu.

Les chrétiens doivent, par cette démarche, sortir de leur suffisance et de leur arrogance du passé: toutes les confessions chrétiennes sont greffées sur le tronc hébraïque dont elle reçoivent la sève. « Ce n’est pas toi qui portes la racine, mais c’est la racine qui te porte! » (Rom 11.18) Cette prise de conscience doit donc permettre de retrouver une attitude de fraternité, une nouvelle manière d’être ensemble pour témoigner du Dieu d’Israël.

Dans la population chrétienne, et même chez les prêtres, il est clair que beaucoup reste à faire pour transformer les mentalités jusqu’ici dominantes envers les juifs. Les vieux clichés ont la vie dure et nécessitent un effort prolongé pour traduire dans la prédication et la catéchèse ordinaires ce profond rééquilibrage.

Au service de ces objectifs, il faut noter l’existence de groupes de réflexion « chrétiens et juifs » à divers niveaux, comme à Genève et ailleurs; des collaborations se sont également mises en place, avec des études bibliques communes, des réflexions sur l’actualité, des conférences, des projets concrets.

Pour une part essentielle, ces relations entre juifs et chrétiens sont porteuses d’avenir, mais cela dépend avant tout de ce que, de part et d’autre, nous en ferons !

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.