Chrétiens en Ubaye

2019

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présentation de Bernard Coste au lectorat et à l'acolytat

Le Lun 09 déc 2019

Présentation de Bernard Coste au Lectorat à l'Acolytat

 

Tout a commencé, comme à Cana, par la rencontre avec les époux Bernard et Marie-Madeleine.

C’est pourquoi dans mon discours  je m’adresse aujourd’hui encore à vous deux. Plus que jamais, je sais que vous ne souhaiteriez pas que soit séparé de vous celle à qui Dieu a uni pour toujours votre destin. En quittant cette terre depuis votre beau chalet familial de la Maure, Marie-Madeleine vous a laissé l’essentiel, encore mieux que le Sacrement de votre mariage, l’amour toujours vivant en votre cœur et celui de vos enfants.   

La célébration des obsèques de Marie-Madeleine, dans cette église, restera un moment rare dans ma vie de pasteur ainsi que pour notre communauté. Les obsèques de Marie-Madeleine ont elles été une séparation ? Non! Il s'agit  plutôt d'un accompagnement serein et paisible d’une épouse vers le Père tant aimé par vous deux, une onction d’espérance imprégnée dans la douceur d’une belle liturgie choisie par vous et vos enfants. 

Mais cet accompagnement n’est-il pas à double détente ?  Vous savez mieux que quiconque, Bernard, ainsi que vos enfants, à quel point Marie-Madeleine vous accompagne dans votre nouvelle vocation qu’elle avait pressentie. Et dans le même sens, l’amour consacré par l'eucharistie dont l’institution au Lectorat et à l’Acolytat va vous rapprocher d'elle aujourd’hui.

Tout naturellement, la première porte que vous aviez franchie dans notre communauté, fut celle du mariage avec Marie-Madeleine. Et puis ce fut celui de votre fils David avec Stéphanie le 12 juillet 2014, ici même, qui fut béni par le père trinitaire  Jean-Marc Carbonell. Enfin, il y eut votre implication décisive avec Marie-Madeleine, et spirituellement avec elle depuis la préparation au mariage des fiancés de notre communauté. Cette dernière fut renouvelée de fond en comble grâce à votre talent pour la plus grande joie de notre petite équipe et de son curé qui commençait à s’essouffler ! C’est en mettant votre expertise  professionnelle au service de la spiritualité nuptiale que notre pastorale de la préparation au mariage a été transfigurée en fidélisant des couples après leur mariage. Une mission, qui jusque là, semblait impossible à réaliser...

Je résumerai ainsi la mutation de votre mission  par ces trois lettres :  D comme déterminé, R comme rationnel et H comme humain.

Vous avez franchi les cinq portes à toute vie chrétienne comme les cinq essentiels définis par notre évêque qui est venu vous instituer pour le service de la Parole de Dieu et de l’Autel.

C’est ensuite la porte de la prière au sein de notre Conseil Pastoral où vous avez su nous aider à la mettre au centre de notre activité pastorale. Plus particulièrement, vous avez réussi à l’occasion de cette rentrée pastorale, ce que nous n’étions jamais parvenu à réaliser auparavant, en mettant en place une session d’une journée dédiée au silence, à la lecture aimante et priante de la Parole de Dieu, appelée Lectio divina, au couvent de Faucon.

La porte de la vie fraternelle et du service de la charité a été aussi franchie à travers votre engagement discret et  efficace dans le cadre de l’équipe du Secours Catholique. C'est une petite porte latérale ouverte aux pauvres et aux petits qui n’osent pas toujours franchir la grande porte de l’Eglise. Ils viennent frapper timidement à cette porte du Point Echange. Ce dernier a été mis en place par notre soeur Marie-Thèrèse qui a trouvé en vous une pièce maitresse de ce dispositif de la charité fraternelle offerte à tous. 

La porte de la formation, vous l'approfondissez au séminaire d’Aix en Provence dans le cadre de votre préparation au Diaconat en vue du Sacerdoce.

Tout cela en vue de franchir cette belle porte de l’annonce de l’Evangile qui est votre véritable passion mise au service de l’amour chrétien, appelé charité dans l’Evangile.

 

Merci, cher Bernard, pour votre bel engagement qui, non seulement nous inspire, mais nous aspire vers le Très Haut...  

 

discours prononcé par François Marot, chanoine et curé de Barcelonnette 

Dans 2019

la messe perpétuelle : une apocalypse de l'amour

Le Jeu 05 déc 2019

 LA MESSE PERPETUELLE  : UNE APOCALYPSE DE L’AMOUR PAR FRANCOIS MAROT

 

 

Le message transmis par le Sacré Coeur à Claire Ferchaud, mystique poitevine du siècle dernier, décédée en 1972,  a connu un engouement à l’époque de la guerre 1914-1918 ; accompagnée qu’elle fut alors de son évêque,  elle avait en effet rencontré en 1917  le Président Raymond Poincaré  afin de lui transmettre cette demande du Christ d’apposer  le Sacré-Cœur sur le drapeau de la France. Ce qui devait manifester l’Amour de Jésus pour notre Patrie en particulier et pour de surcroît procurer une Paix véritable et pérenne pour le monde alors déchiré par la grande guerre. Claire n’obtient alors qu’une fin de non recevoir de la part des autorités civiles et militaires, à l’exception toutefois du maréchal Foch qui à titre privé consacra ses troupes au Sacré Cœur. Plus grave encore, en 1920  ce fut au tour des autorités religieuses  de porter un coup d’arrêt, lorsque l’Église depuis Rome demanda à Claire de garder le silence au sujet des  faits de Loublande. Elle  répondit à cette demande, comme d’ailleurs aux diverses exigences de l’autorité religieuse la concernant,  par une parfaite obéissance, et ceci jusqu’à sa mort. La personne de Claire Ferchaud  est aujourd’hui redécouverte, surtout par rapport au cœur du message qu’elle a porté toute sa vie : la demande du Sacré Cœur de la célébration ininterrompue, au nom du Saint-Père,  d’une Messe Perpétuelle dans un Temple grandiose sur la colline des Rinfillières à Loublande, en Vendée.  Cette demande faite à l’Eglise, et que Claire a toujours eu le souci de transmettre à ses évêques successifs et aux différents papes, avait enthousiasmé en leur temps ses deux premiers évêques tout d’abord  (Mgr Humbrecht puis Mgr de Durfort) et aussi le pape Pie XI et surtout Pie XII qui s’était alors exclamé : «  Quel beau, quel grand projet ! Nous allons l’étudier nous-mêmes très volontiers » Tandis que Paul VI,  le dernier pape ayant eu connaissance du message de Claire concernant la Messe Perpétuelle, lui demanda de renoncer à son projet ; ce à quoi elle répondit encore par une parfaite obéissance tout en annonçant qu’un jour ce message sortirait de terre pour une véritable résurrection de notre monde exsangue ;  l’Eglise faisant alors de la Messe Perpétuelle son projet à elle. En attendant, la chapelle du Sacré Cœur à Loublande,  érigée canoniquement en oratoire public et ouverte au culte catholique depuis 1964, reçoit les fidèles et tous les prêtres qui souhaitent y célébrer la sainte Messe. D’ailleurs l’archevêque du diocèse de Poitiers, dont dépend la paroisse de Loublande,  participe lui aussi  à une journée de spiritualité, par une conférence spirituelle et par la célébration dans cette chapelle de la sainte Messe. Cette participation de l’archevêque s’inscrivant dans le cadre d’un Triduum qui rassemble annuellement depuis dix ans de nombreux pèlerins ainsi que des prêtres, séculiers et religieux,  et des séminaristes. Le sommet de ce Triduum étant constitué par la célébration de messes successives, depuis le crépuscule jusqu’à l’aube. Cette célébration se présentant comme une humble anticipation et surtout comme une grande supplication pour que l’Eglise accueille enfin cet immense projet qui portera à un sommet d’apothéose le mystère eucharistique.       

 

Quel est l’intérêt de la messe perpétuelle demandé par le Christ à Claire ? Le père Guibert explique dans sa préface que depuis son passage à Loublande, il a compris que la Messe Perpétuelle était une sorte de « ruse » du Ciel pour les temps qui viennent. En effet, dit-il, lorsque toutes nos entreprises apostoliques seront bien mises à mal, nous serons mieux à même de comprendre à quel point l’œuvre de la Messe Perpétuelle constituera comme le socle de la nouvelle évangélisation ;  L’Eucharistie étant la source et le sommet de toute évangélisation, selon l’enseignement du Concile Vatican II (P.O. 5). (…) : « Rien ne saurait être plus agréable à Dieu que l’institution de la Messe perpétuelle », disait pour sa part le Padre Pio, quand il en prit connaissance ; lui qui n’aurait jamais voulu descendre de l’autel, afin que jamais l’Amour ne cessât, comprit immédiatement tout l’enjeu de l’honneur rendu à Dieu par cette façon de célébrer la sainte Messe.  

 

 Dans cet ouvrage, l’auteur montre comment la ferveur des Pères de l’Eglise et des saints de tous les temps, ainsi que la science des théologiens, et l’assurance du Magistère ont permis à la messe de se déployer doctrinalement et liturgiquement au fil des siècles dans le sens d’une exaltation progressive du mystère de la foi par excellence, sans jamais toutefois opérer de rupture. Il enrichit cette approche par une immersion mystique dans la participation active à la Messe d’une  Thérèse de l’Enfant-Jésus, cette femme eucharistique, d’un  Padre Pio - qui jamais n’aurait voulu descendre de l’autel ! -  et d’un Charles de Foucault pour enfin arriver à Claire Ferchaud dont la participation au mystère eucharistique atteint une profondeur inégalée à ce jour. Il ne manque pas non plus de répondre à certaines objections, tout à fait légitimes d’ailleurs,  sur l’opportunité de l’institution de cette messe perpétuelle, ainsi que sur sa réalisation concrète.

 

Le père  François Marot est prêtre du diocèse de Digne depuis 1982. Il est curé de paroisse et aumônier des jeunes - Scouts et Guides de France, JMJ, et aussi GGG du PéléVTT-04 etc.  – Chaque année il participe activement, pendant ses congés annuels,  à l’organisation d’un Triduum à Loublande, constitué par trois jours de pèlerinage, par une présentation des textes écrits par Claire Ferchaud, par pure obéissance d’ailleurs  à la demande expresse du Sacré Cœur, et enfin par une nuit de messes successives célébrées, selon les différentes formes,  par une douzaine de prêtres venus de toute la France et même de l’étranger. Ce triduum ouvert à tous : familles, séminaristes, religieux, religieuses et prêtres, existe depuis dix ans  maintenant. Le prochain  Triduum que le père Marot organisera en lien avec les petites sœurs de Claire Ferchaud et toute une équipe de volontaires, amis de l’œuvre,  aura lieu en août 2020.  Ce sera donc dans la nuit du dimanche 23 août jusqu’au lever du jour le lundi 24 août que les messes seront célébrées sans interruption sur les quatre autels, aux quatre points cardinaux, au pied de la Grande Croix des Rinfillières

 

Points forts :

  • Un ouvrage complet pour renouveler sa ferveur vis-à-vis de sa participation active à lamesse, dès maintenant à l’image de Claire Ferchaud et dans la perspective de la Messe Perpétuelle à venir.
  • Un ouvrage qui s’appuie sur le développement doctrinal et mystique de la messe depuis les Apôtres jusqu’à nos jours, avec toujours en point de mire,cette Messe Perpétuelle qui constituera comme une apothéose aux yeux du monde entier !
  • Et aussi une mise au point à propos du caractère homogène du Mouvement Liturgique depuis l’origine jusqu’à nos jours,avec l’évocation circonstanciée de l’intérêt de la  Messe Perpétuelle qui en constituera le parfait épanouissement.

Pierre Téqui éditeur

 

Dans 2019

le célibat sacerdotal en question

Le Mar 26 nov 2019

Le célibat sacerdotal en question

Une tradition remontant aux Apôtres ?  

On a parfois coutume de dire que c’est l’Eglise latine d’Occident qui, de façon arbitraire et très tardivement, lors du deuxième Concile du Latran en 1139, a fait une obligation du célibat pour les prêtres. Le célibat sacerdotal aurait donc une origine tardive et serait une «  invention » médiévale imaginée dans un contexte fortement clérical ; tandis que jusque là, et depuis les Apôtres, dont certains étaient d’ailleurs mariés (St Pierre par exemple dont Jésus a guéri la belle-mère), l’Eglise n’avait jamais interdit le mariage à ses prêtres. Pour preuve le fait qu’aujourd’hui encore dans l’Eglise d’Orient unie à Rome, appelée aussi Eglise

« uniate », un homme marié peut être ordonné prêtre. C’est le cas actuellement par exemple au Liban dans les églises maronites ou melchites.  Il faut néanmoins noter que, dans cette tradition, un célibataire dès lors qu’il est ordonné prêtre ne peut plus se marier;  l’ordination fixant pour toujours l’homme dans la situation où il était au moment de son ordination. Les séminaristes orientaux sont donc invités à faire leur choix de vie avant l’ordination. De la même façon un prêtre veuf ne pourra pas non plus se remarier. Il faut enfin savoir que les évêques orientaux sont toujours choisis parmi les prêtres qui ont fait le choix du célibat. A verser également dans ce dossier l’accueil, dans l’Eglise catholique, des prêtres anglicans déjà mariés. Tout récemment un nombre important de prêtres ordonnés dans l’anglicanisme – avec de nombreux laïcs d’ailleurs, soit 400.000 personnes en tout !  -  ont demandé à revenir dans le sein de l’Eglise catholique dont ils étaient séparés depuis Henri VIII. Ils seront réintégrés comme prêtres dans la situation où ils sont, soit mariés, soit célibataires. Donc la situation de l’Eglise uniate et celle des anglicans réintégrés nous permettent ce premier état des lieux :

1° Le Sacerdoce n’est pas incompatible en soi avec le fait d’être marié

 2° La tradition orientale, même si elle ordonne des hommes mariés, indique néanmoins une prédilection pour le  célibat puisque ses évêques sont toujours choisis parmi les prêtres ayant choisi le célibat ; ces derniers sont d’ailleurs en proportion plus importants. Actuellement au Liban les prêtres célibataires sont plus de la moitié.                                                       

3° Il est vrai que le Code « civil » de l’empereur d’Orient Justinien en 533 obligea l’Eglise d’Orient à choisir les évêques parmi les moines célibataires - sans héritiers ! – afin de ne pas aliéner les biens d’Eglise qui constituaient la ressource principale de l’empire byzantin. Preuve que la tradition ne devait pas toujours être respectée et que certains évêques devaient être mariés.  Mais il n’empêche que cette sombre et vénale interférence du pouvoir civil ne constitue pas en elle-même la raison théologique profonde de ce choix qui existait antérieurement.  Pour preuve c’est que cette tradition de célibat épiscopal perdure encore aujourd’hui en Orient, alors que la situation financière des évêchés n’a plus rien à voir avec celle de l’époque. La raison est donc bien plus profonde. Le Pape Paul VI fera d’ailleurs remarquer que l’Orient conserve le principe traditionnel pour les évêques et les ordonnés célibataires. Il y a donc une tradition vivante remontant aux origines, liant sacerdoce et virginité, tradition qui inspire ce choix depuis toujours, tant en Orient que dans l’Eglise latine.  Force est de constater néanmoins que cette tradition demeure intacte dans la seule l’Eglise latine, dans laquelle seuls les célibataires sont ordonnés ; tandis qu’on note un certain fléchissement en Orient. Le fameux concile non œcuménique  In Trullo  de 692, convoqué par l’Empereur byzantin Justinien II et invalidé par le pape Saint Serge, à cause d’un rejet certain de la discipline latine, n’est certainement pas étranger à ce fléchissement. Cette mentalité anti-latine de Byzance aboutira, comme on le sait quelques siècles plus tard au grand schisme d’Orient qui prive depuis trop longtemps l’Eglise de « respirer avec ses deux poumons », selon la belle expression de Jean-Paul II

Une tradition ininterrompue dans l’Eglise latine     

Voyons donc maintenant comment cette tradition a été vécue dans l’Eglise latine précisément :

Il est vrai que, aux origines,  l’Eglise n’a pas formulé de loi canonique sur le célibat des prêtres ; mais il n’en reste pas moins vrai qu’une tradition vivante, ferme et constante, remontant aux Apôtres eux-mêmes,  demande aux clercs déjà mariés d’observer la continence parfaite à partir de leur ordination. La raison ? Essentiellement la conformation de tout prêtre au Christ-Prêtre qui était effectivement célibataire.  Une encyclique du pape  Paul VI « Sacerdotalis coelibatus » de 1967   rappelle cette antique tradition : « Jésus a invité les Apôtres à un titre très spécial à vivre ce renoncement dans le célibat pour le Royaume ; même les Apôtres déjà mariés, comme Pierre, ont été invités à vivre librement la continence parfaite » Le Pape ne fait en effet que reprendre des enseignements séculaires de l’Eglise, comme celui du Concile d’Elvire de l’an 300 qui, faisant allusion aux nombreux évêques, prêtres et diacres mariés au cours des premiers siècles, rappelle la tradition des origines qui est la continence parfaite. Le Concile de Carthage de l’an 390 rappellera aussi qu’il s’agit bien d’une tradition vivante remontant aux Apôtres. Ces rappels insistants et récurrents montrent bien que cette tradition ne devait pas toujours être respectée dans les faits et qu’elle devait déjà poser questions à certains, comme c’est le cas encore aujourd’hui ! ( cf. le Synode d’Amazonie ! )

Mais revenons précisément au fameux Concile du Latran si souvent évoqué pour fonder cette soi-disant tradition arbitraire et tardive du célibat sacerdotal. Soyons clair, ce concile n’édicte aucune loi concernant le célibat sacerdotal, la tradition vivante multi séculaire étant supposée connue, mais il intervient, dans la lignée de cette tradition et des conciles précédents, en rappelant la nullité canonique du mariage d’un clerc déjà ordonné. Donc on voit bien que l’argument qui consiste à dire que la première loi concernant l’obligation du célibat pour les prêtres ne se situerait  qu’à partir de ce concile du LATRAN II  de 1139  ne tient pas. Le concile du Latran II ne fait que rappeler la tradition séculaire des origines et il la confirme par une promulgation canonique d’invalidité d’un mariage survenant après une ordination sacerdotale. 

En conclusion de cette brève enquête historique on peut dire que, conscient d’être ancré sur une tradition venue des Apôtres, vécue et magnifiée par les Pères (St Grégoire le Grand, St jean Chrysostome, St Grégoire de Nazianze etc.), le prêtre d’aujourd’hui peut vivre son célibat dans la joie et la liberté de la vérité ; et le vivre non pas comme une sorte d’amputation affective, mais au contraire comme la source d’un Amour qui rayonne. « Le Sacerdoce, disait le saint curé d’Ars, c’est l’amour du cœur de Jésus ».  Le cœur du prêtre est en effet uni au Cœur Sacré du Prêtre par excellence qu’est Jésus. Par son amour exclusif et pur il vient ainsi révéler aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui, mariés ou célibataires, le sens profond de l’amour humain et chrétien. La raison ultime et profonde du célibat sacerdotal c’est l’union et la conformité du prêtre à la Personne du Christ.

Là est le cœur de toute la question que nous allons développer maintenant sur le plan spirituel et proprement mystique :  

 

Les Raisons spirituelles et mystiques du célibat sacerdotal

La virginité pour le Royaume est inscrite dans l’Evangile et a été recueillie par St Mathieu de la bouche même du Sauveur (Mathieu 19, 12) : «  Il y a des eunuques qui se sont rendus tels en vue du Royaume des Cieux. Comprenne qui pourra ! »  C’est un trésor évangélique qui a été  choisi librement tout d’abord par certains membres des premières communautés chrétiennes  (c’est l’origine de la vie religieuse) et aussi par les Apôtres eux-mêmes et leurs successeurs, comme lié obligatoirement à leur sacerdoce. Il y a des raisons spirituelles à ce lien qu’il nous faut maintenant pour ainsi dire contempler. La raison essentielle c’est le Christ lui-même à qui est identifié le prêtre de la Nouvelle Alliance. La nouveauté radicale de cet état de vie par rapport au judaïsme pour qui le célibat est blasphématoire,  s’origine dans le  Christ qui vient « faire toutes choses nouvelles » (Apocalypse 21, 5)) La nouveauté c’est l’Incarnation :   Dieu s’est fait homme en effet pour que l’humanité sujette au péché et à la mort soit régénérée, et que par une nouvelle naissance (Jean 3, 7)  elle puisse entrer dans le Royaume des cieux. Jésus, par son sacerdoce, vient réaliser cette création nouvelle ;  il vient accomplir une forme nouvelle de Vie, sublime et divine :         «  Voici que je fais toutes choses nouvelles ».  Le mariage naturel béni par Dieu dès la Genèse fut en effet blessé par le péché (Genèse 3, 16). Et c’est le Christ qui par sa Passion va sauver l’amour, en particulier l’amour matrimonial, et l’élever à la dignité de sacrement. Mais le Christ, Médiateur d’une Alliance plus haute encore (Hébreux 8, 6) a ouvert un autre chemin par lequel une personne humaine est invitée librement à s’attacher totalement et directement à Lui. Elle sera dès lors exclusivement préoccupée de Lui et de ce qui le concerne comme Sauveur, manifestant de façon plus claire et plus complète la réalité profondément novatrice de la Nouvelle Alliance. C’est ce que Jésus appelle « devenir volontairement eunuque pour le Royaume »  (Mathieu 19, 12)

 En pleine harmonie avec cette mission, le Christ est resté lui-même durant toute sa vie dans l’état de virginité, qui signifie son dévouement total au service de Dieu et des hommes. De cela découle pour les prêtres, ministres du Salut en Jésus-Christ, le don du célibat sacré comme configuration plus complète avec le Seigneur Jésus.                                                                                                     

 

Dimension ecclésiale du célibat sacerdotal

Le célibat sacerdotal revêt de plus une dimension ecclésiologique. Comme le Christ, le prêtre est aussi l’Epoux mystique de l’Eglise. Il aime l’Eglise d’un amour exclusif. Il jouit ainsi d’une ample liberté spirituelle pour se placer au service aimant et total de tous les hommes sans distinction. Avant d’être une disposition canonique le célibat est un don de Dieu à son Eglise. Avec son  sensus fidei ( sens surnaturel venant de sa Foi)   le peuple de Dieu a toujours rendu grâce pour ce don. Le choix du célibat de l’Eglise catholique de rite latin s’est développé, depuis les temps apostoliques, précisément dans la ligne de la relation du prêtre avec son Seigneur, gardant devant les yeux comme grande icône ce Jésus s’adressant ainsi à Pierre : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? » (Jean21, 16) A cette question fondamentale du Christ la réponse libre du candidat au sacerdoce ne peut être que le don total de sa vie. C’est pourquoi le séminaire doit être avant tout une véritable école d’Amour du Christ. Le sacerdoce n’est autre qu’une vie intimement unie à Jésus-Christ : « Le sacerdoce c’est l’amour du cœur de Jésus » dit le curé d’Ars. On ne peut donner une meilleure définition !          Il y a donc bien un caractère nuptial du célibat sacerdotal en raison du rapport entre le Christ et l’Eglise son épouse : « Voici les noces de l’Agneau et son épouse s’est faite belle » (Apocalypse 19, 7) 

Il reste qu’à toutes époques, y compris bien sûr la nôtre, le célibat pour le Royaume n’est pas toujours compris ni même accepté. Jésus avait prévenu ses amis : « Tous ne comprennent pas ce langage, mais ceux-là seuls à qui cela est donné » (Mathieu 19, 11)                       

 

Dimension eschatologique du célibat sacerdotal

Le célibat a aussi une dimension eschatologique qui renvoie au mystère de la Résurrection et de la Vie éternelle. Tandis que le mariage enracine l’Eglise dans le présent, la plongeant totalement dans l’ordre terrestre, qui devient ainsi lui-même lieu de sanctification possible, la virginité renvoie immédiatement à l’avenir, à la perfection intégrale de la création, qui ne sera réalisée pleinement qu’à la fin des temps. Le célibat pour le Royaume, tant pour les prêtres que pour les personnes consacrées d’ailleurs (religieux, religieuses et laïcs consacrés) est donc prophétique de la création nouvelle pleinement réalisée dans le Ciel où « on ne prendra ni épouse, ni époux, mais où l’on sera comme des anges de Dieu » (Luc 20, 35)                                                                                              

 

L’épanouissant célibat sacerdotal

Le célibat est enfin une obligation heureuse, un besoin de vivre avec le Christ qui ne signifie en aucun cas de devoir être privé d’amour, mais au contraire de se laisser gagner par la passion pour Dieu et, grâce à une présence plus intime à ses côtés, à servir également les hommes.         

 On comprend mieux maintenant pourquoi existe cette pérennité de la discipline du célibat pour les évêques et la grande majorité des prêtres dans l’Eglise catholique, tant d’Orient que d’Occident. En dépit des violents séismes qui ont tenté à différentes époques – y compris la nôtre ! – d’ébranler cette discipline, l’Eglise a toujours su résister avec ce que d’aucuns nomment un entêtement ! Mais nous savons que cette résistance du Magistère n’a rien à voir avec l’opiniâtreté et qu’elle s’explique uniquement par l’ancrage de cette tradition sur le roc des Apôtres. C’est l’argument de la tradition apostolique qui est toujours ultime et définitif dans l’Eglise – même chose pour la question de l’ordination des femmes, de l’indissolubilité du mariage etc. –

Comme le disait St Augustin :

«  Ce que les Apôtres ont enseigné faisons en sorte nous aussi de l’observer »

 

François Marot

 

 

 

Dans 2019

le dialogue interreligieux prêté à Saint François d'Assise lors de sa rencontre avec le Sultan est une fiction

Le Lun 28 oct 2019

Certes, historiquement, François d’Assise est allé parler avec le Sultan Al Malik al Kamil en 1219, en pleine guerre entre chrétiens et Sarrazins. Il a fait cette démarche courageuse avec beaucoup de foi, mais il l’a forcément effectuée à la manière de son temps, et non pas avec les critères de notre époque postmoderne et laïciste. Voyant les désastres de la dhimmitude gagner partout du terrain, François n’est certainement pas le naïf islamophile auquel on veut nous faire croire, à l’ère d’un dialogue interreligieux donnant la première place à l’islam.

Ce qui est certain, c’est la détermination de François d’Assise pour tenter de convaincre le Sultan d’abandonner la mainmise islamique sur les lieux saints et de stopper la férocité infligée partout aux malheureux habitants des régions où vivaient des chrétiens autochtones ou venus d’Occident en renfort (croisés). Car partout les invasions musulmanes s’accompagnaient de massacres, de pillages et de destructions, et elles ont causé des dégâts considérables. François d’Assise étant spirituellement attentif à ceux qui souffrent, il s’est donc lancé dans une tentative risquée de pacification pour stopper les horreurs du conflit islam-occident. En effet, n’oublions pas que les croisades n’avaient dès le départ rien d’une guerre coloniale. Suite à l’occupation violente des terres juives et chrétiennes par les musulmans, à la conquête des lieux saints, et aux enlèvements contre rançons, elles répondaient à un besoin d’autodéfense tout à fait légitime, même s’il faut clairement déplorer les dérapages sanglants collatéraux qui ont suivi, commis surtout par des aventuriers et des notables déchus prêts à tout et infiltrés dans ces convois armés.

En prenant cette initiative, François d’Assise sait pertinemment que le tombeau du Christ à Jérusalem a été réduit en poussière par le sultan Al Hakim en 1009, qu’églises et synagogues ont été peu à peu détruites par les musulmans en Terre sainte. Il va donc à la rencontre d’Al Malik al Kamil en sachant que ce ne sera ni pour l’en féliciter, ni pour une gentille discussion autour d’une tasse de thé à la menthe. Le seul récit détaillé que nous possédions sur cet épisode est signé de Saint Bonaventure : un écrit qui se veut surtout une épopée à la gloire de François, aux accents fortement légendaires, avec des embellissements  apologétiques évidents. Par exemple, il est écrit qu’à la fin de l’épisode, le sultan veut devenir chrétien, ce qui est trop beau pour être vrai et totalement invraisemblable!

Mais à quelles réalités factuelles correspond cette démarche aventureuse de François auprès du Sultan ?  Pourquoi s’ingénie-t-on habituellement à en faire un exemple de « dialogue islamo-chrétien », au sens moderne… D’abord, même si l’on s’en tient au récit de St Bonaventure, ce ne semble pas être le cas, car François et son compagnon de route s’attendent explicitement à être parmi les musulmans « comme des brebis au milieu des loups » (sic). Il n’est donc pas question de paisibles discussions philosophiques ou de simple partage de connaissances métaphysiques avec les mahométans.

D’ailleurs, à leur arrivée, les deux routards se font « saisir brutalement par les Sarrazins avec haine et cruauté, injurier, rouer de coups ». En réalité, François vient annoncer au chef politico-religieux que la seule vraie voie de salut est celle du Christ, en raison de l’attitude pacifique et respectueuse qu’il demande à ses disciples. François lui annonce même le Dieu unique et trinitaire, c’est-à-dire que le Christ est expression vivante de l’amour divin incarné sur terre. Bonaventure insiste dans son récit : François invite le Sultan à se convertir à cette vision-là de l’humain, lui et son peuple, car seul Jésus et son enseignement peuvent sauver du gouffre de l’iniquité et du malheur.

Le récit de Bonaventure ajoute encore un passage où François propose au Sultan de témoigner devant lui de sa sincérité par l’épreuve du feu, mais ce n’est là qu’un ajout inspiré de la Bible, évoquant la période des persécutions par Antiochus Epiphane en Israël, où les croyants au vrai Dieu l’ont emporté sur la dictature païenne(épisode des maccabîm). Le texte précise aussi que finalement, en le laissant partir, le Sultan propose à François des dons pour ses pauvres, mais celui-ci refuse, « parce qu’il ne décèle pas en lui les racines authentiques de la vraie foi ».

Conclusion : où voit-on, dans cette séquence, la moindre trace de ce que l’on désigne aujourd’hui par « dialogue islamo-chrétien » ? François a-t-il posé une seule question sur l’islam et ses merveilles ? Non. A-t-il manifesté la moindre estime pour cette religion ? Non.

Logique à l’égard de sa foi humaniste, il a certes exprimé du respect devant la personne du sultan, mais à aucun moment il n’a porté d’appréciation positive sur la foi mahométane elle-même. Il était si persuadé que c’était une impasse découlant d’un culte sanguinaire – aux effets visibles partout – qu’il lui a ouvertement proposé la voie pacifiante de la posture évangélique !

Contrairement aux chantres actuels du pseudo « dialogue », François n’attend rien de l’islam, il sait quelles sont les réalités de cette religion en amont et en aval. Il tient certes à respecter les personnes, mais il n’entretient au-delà de cela aucune illusion tendant à faire croire que le coran apporterait quoi que ce soit de nouveau ou de créatif à ceux qui ont en mains la tradition biblique et ses riches expériences humaines. Le coran ne revêt aucun caractère sacré pour les chrétiens, la révélation étant close à la mort du dernier apôtre. Contemporain de François d’Assise, le pape Innocent III déclare : « l’amour du prochain oblige les chrétiens à libérer les milliers de frères et de sœurs livrés à la merci des Sarrazins, écrasés et peinant sous le joug du plus sévère esclavage ! ».

Dans le même esprit, et au-delà des formules de courtoisie, le pape François tiendra lui aussi un langage de vérité en mettant logiquement  l’accent sur la paix, le respect mutuel, la promotion des droits de l’homme. Il rappellera à maintes reprises qu’aucune religion digne de ce nom n’a le droit de massacrer « au nom de Dieu ». C’est à une éthique de respect qu’il appellera les responsables musulmans qui oppriment les croyants de l’alliance dans les territoires soumis aux lois de l’islamisation. Ce qui ne doit pas empêcher les chrétiens d’offrir la voie des valeurs judéo-chrétiennes aux adeptes du coran, de façon libre et lucide,  comme l’a fait sans crainte et sans aucune servilité François d’Assise.

 

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

Dans 2019

l'antichristianisme fondamental du projet européen

Le Mar 28 mai 2019

source : éditorial de Boulevard Voltaire au lendemain des élections européennes du 26 mai 2019

 

L’entreprise européenne a longtemps porté avec elle, surtout dans le monde catholique, un fumet de bien-pensance. De manière corollaire planait sur ceux qui s’y opposaient le soupçon d’être de mauvais chrétiens.

Bien-pensance : les Églises ont pris parti pour le oui, chaque fois qu’il y a eu des référendums sur le projet européen (1992, 2005), croyant faire entendre la voix de la raison. Cela est vrai de la Conférence des Églises européennes mais aussi de la Conférence des évêques de France. La presse catholique du courant principal est à l’avenant. C’est dans cette ligne que, le 14 mai dernier, le CECEF (Conseil des Églises chrétiennes en France) a publié un communiqué appelant à soutenir l’entreprise européenne aux prochaines élections.

On invoque les pères fondateurs, démocrates-chrétiens (et catholiques) tous les trois ; Adenauer, De Gasperi et Schuman. Le drapeau européen frappé des douze étoiles d’or rappelle celles qui nimbent la Vierge de l’Apocalypse. De ce fait, un homme comme Charles de Gaulle, quoique catholique pratiquant, se trouvait être un chrétien suspect du fait son opposition à Bruxelles. Pour les mêmes raisons, beaucoup de laïcistes se sont méfiés de la construction européenne.

Il est clair que ceux qu’inspirent encore ces vieilles lunes n’ont pas encore pris la mesure de la véritable inversion des signes qui s’est produite au cours des quarante dernières années : tout se passe, en effet, comme si Bruxelles était devenue, au contraire, le centre nerveux de l’antichristianisme en Europe.

On s’est longtemps contenté de dire que l’Europe des Six issue du traité de Rome (lieu significatif) était dominée par les forces catholiques et que l’élargissement y avait seulement accru le poids du monde protestant et donc anglo-saxon. Mais aujourd’hui, la mutation est allée bien plus loin. En témoignent le refus d’inscrire les racines chrétiennes de Europe dans les textes constitutifs, la propagande active en faveur des évolutions libertaires les plus débridées, tant de la Commission que du Parlement européens, où la majorité social-démocrate et populaire est toujours prête à toutes les surenchères, le harcèlement des pays qui leur résistent.

Si cela était nécessaire, on en verra la confirmation dans la récente réunion électorale qui s’est tenue à l’université de Varsovie en présence de Donald Tusk, président du Conseil européen en faveur de l’opposition européiste au gouvernement polonais. Leszek Jażdżewski, rédacteur en chef du journal Liberté, y a prononcé, sans que Tusk les désavoue, un discours d’une grossièreté et d’une violence inimaginables à l’encontre de l’Église catholique, laissant loin derrière tout ce qui pouvait se dire en France au temps du petit père Combes.

Il faudrait de longs développements pour approfondir les raisons de cette mutation qu’a connue l’idée européenne au point d’être, désormais, associée à l’antichristianisme le plus virulent. Mais il est assez clair qu’elle est inséparable de la dérive idéologique de la construction européenne. Loin d’être un projet de coopération naturel entre pays libres désireux de travailler ensemble, le projet européen est conçu, aujourd’hui, par ses partisans comme un projet messianique d’abolition des frontières et d’arasement du fait national. Il n’est pas seulement une réalité politique mais une révolution destinée à remettre en cause cette réalité anthropologue fondamentale qu’est le fait national.

L’expérience du siècle dernier a montré que le fait idéologique, que ce soit le communisme ou le socialisme national (dit nazisme), est toujours allé vers une hostilité radicale au fait religieux, ce qui est normal dès lors qu’il se pose comme une Église de substitution. Comment s’étonner qu’il en aille de même avec la troisième des grandes utopies, l’utopie mondialiste, dont le projet européen n’est, de l’aveu de Jean Monnet lui-même, qu’une étape ?

Il est temps que ce qui reste de croyants en France et en Europe ouvrent les yeux devant ce qui n’est pas seulement un affadissement des convictions chrétiennes des pères fondateurs mais une véritable inversion du rapport du projet européen à la civilisation chrétienne pour laquelle il est devenu une véritable machine de destruction.

Dans 2019

l'Europe occidentale est en grand péril

Le Mar 09 avr 2019

entretien exclusif du cardinal Sarah avec Boulevard Voltaire

Vous venez de publier un nouveau livre entretien avec Nicolas Diat intitulé Le soir approche et déjà le jour baisse, aux Éditions Fayard.
Le moins que l’on puisse dire c’est que vous n’y maniez pas la langue de buis.
Si vous prenez à nouveau la parole, écrivez-vous, c’est que vous ne pouvez plus vous taire, ‘’les chrétiens étant désorientés’’, ce sont vos mots.
Faites-vous là allusion au récent scandale qui a touché l’Église ?

Je ne fais pas uniquement référence à ce scandale. Nous vivons une grande crise depuis plusieurs années. Je me rappelle qu’en 2016, juste avant son élection au siège Saint-Pierre, Benoit XVI disait que l’occident traversait une crise qui ne s’est jamais vérifiée dans l’Histoire du monde. Voyez-vous comment la famille est détruite ? Comment le mariage est conçu d’une manière différente de ce que nous avons toujours connu ? Comment l’anthropologie est en grande crise ?
Il y a bien sûr la crise économique, la crise politique et la crise des responsables, mais, on constate au niveau de l’Église une baisse énorme de la pratique religieuse. Les églises sont vides. L’enseignement de l’Église semble également très flou et confus. Beaucoup de gens sont désorientés et ne savent plus où aller. C’est cette réalité que j’ai décrite. Je n’invente rien. Je fais un constat le plus précis et le plus près possible de la vérité.
Nous voyons bien que ce que je décris existe. Il y a une grande confusion et une grande incertitude. Les gens veulent surtout qu’on leur indique la route et qu’on leur enseigne la foi que nous avons toujours vécue. La foi et la parole de Dieu ne changent pas. Dieu est le même.
Ce que dit ce livre est vraiment la réalité. Il s’agit de donner l’espérance, malgré cette crise, pour retrouver vie et confiance. Sur le plan humain, quelqu’un peut avoir une maladie grave, se soigner et retrouver la santé. Une autre personne peut aussi traverser une difficulté passagère, mais après des efforts et l’aide qu’elle reçoit, elle retrouve une certaine assurance.
Il y a des périodes de désemparement, mais on peut quand même trouver une espérance. C’est ce que j’essaie de dire dans ce livre.

 

Vos propos semblent viser à réveiller un occident en perdition. Il est à rebours du discours habituel sur le sujet. Dans votre livre Dieu ou rien, vous rendez hommage, je cite ‘’aux beaux fruits de la colonisation occidentale, aux missionnaires de France qui vous apportent le vrai Dieu’’. Aujourd’hui, en somme, le missionnaire c’est vous et la terre de mission, c’est la France.
Diriez-vous que l’occident a oublié ses racines et a dilapidé son héritage ?

 

Je crois que nous devons être vrais. J’ai tout reçu de l’occident. J’ai reçu ma formation et ma foi. On a l’impression aujourd’hui que l’occident renie ses origines, son histoire et ses racines. Il me semble que nous vivons comme si nous n’avions rien à voir avec le christianisme. Ce n’est pas vrai. Lorsqu’on ouvre les yeux, on voit bien l’architecture, la musique, la littérature et que tout est chrétien. Je ne vois pas pourquoi on peut nier ce qui est. Nier ce qui est, c’est se mentir à soi-même.
Je pense que l’occident est en péril s’il renie ses racines chrétiennes. C’est comme un grand fleuve, il a beau être immense et majestueux, s’il perd sa source, il n’est plus alimenté et se dessèche au bout d’un certain temps. C’est comme un arbre qui n’a plus de racines, il meurt.
Un occident sans racines chrétiennes est un occident menacé de mort et de disparition. Il s’est fait envahir par d’autres cultures qui, elles, ne renoncent pas à leur histoire et combattent pour montrer qu’elles ont une culture à proposer. D’autres cultures envahissent l’Europe, comme les cultures musulmane et bouddhiste.
Il est important qu’il reprenne conscience que ses valeurs, belles, majestueuses et nobles se perdent.
Je ne prétends pas être le missionnaire. Nous sommes tous, par le baptême, envoyés pour que faire connaître le Christ et l’évangile, et la réalité nouvelle qu’il nous propose. Aujourd’hui, les écritures nous disent encore ‘’ je fais un monde nouveau’’. Ce monde nouveau est créé par le Christ lui-même.
Je souhaite que ce livre puisse réveiller la conscience occidentale. Je crois que l’occident a une mission spéciale. Ce n’est pas pour rien que Dieu nous a communiqué la foi par l’occident. Ce que Dieu donne est permanent, c’est pour toujours et non pour un instant.
L’occident a une mission universelle, à cause de sa culture, de sa foi, de ses racines et son lien personnel avec Dieu.
Si l’occident perdait ses racines, il y aurait un bouleversement énorme et terrible dans le monde.
Je crois profondément au rôle essentiel de l’islam pour notre civilisation. J’espère que la lecture du livre ‘’ Le soir approche et déjà le jour baisse’’ sera un moyen pour réveiller la conscience occidentale, mais aussi notre conscience de chrétien.


Vous vous inquiétez de la migration et de ses conséquences. Vous écrivez que le déracinement culturel et religieux des Africains projetés dans des pays occidentaux qui traversent eux-mêmes une crise sans précédent est un terreau mortifère. Quel est selon vous le regard chrétien à porter sur la migration ?

Je crois que lorsqu’ils arrivent en occident, ils se rendent tout de suite compte que c’est un occident qui a perdu Dieu, qui est plongé dans le matérialisme, dans la négation de Dieu et qui ne voit que la technique et le bien être. Cela les désempare.
Je connais l’Afrique et l’Asie. Ce sont des continents profondément attachés à Dieu et au transcendant. Arrivés ici, ils trouvent uniquement le matériel. Cela peut être une désorientation pour eux. Or, je pense que si vous les accueillez, ce n’est pas seulement pour leur donner du travail, un logis et de quoi vivre. Proposez-leur aussi ce qui fait votre richesse, sans forcer personne. La foi est un acte d’amour. On ne force pas quelqu’un à aimer. Proposez-leur votre richesse, votre foi chrétienne en laissant chacun sa liberté d’accepter ou de refuser.
Je pense que là aussi, l’occident a une mission. Quand vous recevez quelqu’un, vous lui donnez le meilleur de vous-même. Le meilleur de vous-même est votre coeur. Si quelqu’un arrive dans votre maison, vous lui donnez une chambre et de la nourriture. Si cette personne voit que vous n’êtes pas content, triste ou pas heureux de le recevoir, alors, il ne va pas manger ce que vous lui donnez. Le meilleur de nous-même n’est pas ce que nous donnons matériellement, mais c’est notre coeur.
Il faut que l’occident donne son coeur. Or, ce coeur, c’est votre foi, votre lien à Dieu, votre richesse ancestrale qui vous a fait naître et qui vous a façonnés. C’est le christianisme qui vous a façonnés. Donnez aux étrangers qui arrivent, c’est vraiment cela qui fait votre richesse.

 

Vous venez dénoncer une vision irénique des autres religions, y compris de la part des catholiques.
‘’Qui se lèvera pour annoncer la vraie foi aux musulmans?’’ écrivez-vous. Faut-il y voir une mauvaise interprétation du dialogue inter-religieux ?

 

Quand deux personnes se parlent, chacun s’affirme dans ce qu’il est profondément. Il n’y a pas de dialogue si moi je m’efface. Le vrai dialogue est lorsque chacun dit ce qu’il est, ce qui fait sa vie profonde et ce qui fait sa foi. Dialoguer n’est pas offusquer ou de ne pas froisser l’autre de cacher sa foi. Un dialogue, c’est véritablement aller vers la vérité ensemble. Si nous sommes vraiment sincères, nous allons aboutir à une vérité. Le dialogue est pour moi très important, parce que c’est une recherche de vérité. Nous cheminons ensemble pour voir la lumière. Une fois que nous avons vu la lumière, soit il faut fermer les yeux pour ne pas suivre la lumière, soit on dit ‘’ c’est ça la lumière’’. Si réellement, Jésus est vraiment la lumière, nous ne pouvons pas ne pas l’accepter ensemble. Si vraiment Jésus est le chemin, nous ne pouvons pas ne pas l’accepter. Si vraiment, il est la vie, nous ne pouvons pas ne pas l’accepter.
Le dialogue, c’est marcher ensemble dans la direction de la vérité, la trouver et l’accepter.

 

Vous portez un jugement très sévère sur la mondialisation. Vous dites qu’elle est contraire au projet divin.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

 

Vous et moi sommes différents. Cette différence est une grande richesse. C’est comme dans un jardin, vous voyez des fleurs jaunes et vertes. Cet ensemble fait une beauté extraordinaire. La globalisation voudrait supprimer toutes les différences linguistiques, raciales et frontalières. Je ne sais pas où nous allons aboutir.
Je pense que s’il n’y a pas de discernement et de sagesse, la globalisation constitue un grand danger pour la valorisation de chaque culture et de chaque peuple. Chacun de nous a une histoire, une culture et une richesse qu’il apporte aux autres. Alors, niveler toutes les cultures et tous les peuples pour n’en faire qu’un est pour moi, un appauvrissement.
La mondialisation va contre le désir de Dieu qui a voulu nous créer différents pour nous enrichir mutuellement. Aujourd’hui, on a presque l’impression qu’il y a une américanisation, une européisation. Tout le monde doit être européen. La vision du monde, de l’économie et de l’homme doit être européenne. C’est un appauvrissement. Les Asiatiques ont une vision belle et approfondie.
Je ne suis pas contre la mondialisation. Plus on est ensemble, plus on est puissant, plus on peut faire de belles choses, sans pour autant supprimer les personnalités et les spécificités de chaque peuple. C’est cela que je dénonce. Que les Français soient français, que les Polonais soient polonais et que les Allemands soient allemands, quitte à coopérer ensemble.


Parmi les maux qui touchent les catholiques, vous évoquez le relativisme ambiant, la défaillance de la catéchèse et l’absence de prière… est-ce aux clercs que vous vous adressez ?”

J’attribue la responsabilité de la baisse de la foi et de la pratique, et d’un certain manque de connaissance de la religion et de la doctrine aux prêtres. C’est leur métier. Ils sont envoyés pour enseigner. Le Christ a dit ‘’ allez enseigner toutes les nations’’.
Si nous n’enseignons plus la doctrine, nous appauvrissons les chrétiens qui ne savent plus lire. Si le prêtre est tout le temps en train de s’agiter, il n’a pas le temps de prier. On va imiter sa façon de faire. Notre responsabilité est énorme. Nous devons être les modèles du troupeau, des modèles de prière et de vie morale. Je ne dis pas que tout vient du clergé, mais vous voyez quand même qu’il y a aujourd’hui des accusations horribles sur le clergé, contre les cardinaux et les évêques. Tout n’est peut-être pas vrai, mais même si c’était un seul prêtre qui faisait des choses comme celles-là, il pourrait décourager beaucoup de laïcs.
Beaucoup diront que la prière n’est peut-être pas essentielle. C’est pourtant l’activité essentielle. C’est ce qu’on voit qui est essentiel.
J’ai tendance à parler longuement, mais si vous prêchez 5 ou 10 min une fois par semaine, vous affamez les gens. Chacun de nous mange régulièrement pour maintenir sa santé. Si on donne une homélie de 10 min chaque dimanche, il n’y a aucune nourriture dedans. Il y a donc une responsabilité que j’attribue aux prêtres. Ils doivent prendre au sérieux cette mission d’enseigner, de sanctifier le peuple de Dieu et de le gouverner. Gouverner ne veut pas dire d’imposer des choses, mais plutôt d’orienter et de faire avancer vers Dieu pour une meilleure connaissance de lui.
J’attribue aussi cette responsabilité aux familles. Les familles ne connaissent pas Dieu, elles ne prient pas souvent et n’amènent pas les enfants à l’église. Ils ne savent pas quoi croire, ils ne savent pas ce qu’est la foi.
Nous avons tous une responsabilité dans ce que nous vivons aujourd’hui, soit au niveau de la baisse et de la pratique de la foi, soit de l’engagement missionnaire. Nous sommes tous appelés à enseigner, à sanctifier et à orienter les personnes vers Dieu.


Vous parlez de décadence et évoquez la chute de l’Empire romain dans ce livre, comme s’il y avait une analogie. Votre titre laisse supposer qu’il est presque trop tard.
Que diriez-vous à ceux qui pourraient désespérer ?

Le titre du livre est un passage de l’évangile de Saint-Luc. La situation que nous vivons est celle que les premiers chrétiens et les premiers disciples de Jésus ont vécu. Jésus est mort et enterré et ils sont tous découragés.
Chacun rentrait chez soi et voilà que Jésus les rejoint en leur demandant pourquoi ils sont tristes. Ils lui répondent ‘’vous ne savez pas ce qu’il s’est passé à Jérusalem ?. Ils ont tué Jésus qui était un grand prophète, nous espérions que c’était le Messie, voilà trois jours qu’il est mort et maintenant nous rentrons chez nous’’.
Pendant longtemps, il expliquera que c’est comme cela que le Christ devait finir pour le salut du monde. Puis ils entrent dans une auberge, il prend le pain, il fait la bénédiction, il rompt le pain, il leur donne à manger et ils reconnaissent que Jésus est là et vivant.
Nous pouvons nous aussi avoir cette impression que tout est perdu. Mais si nous reconnaissons Jésus à travers sa parole et à travers l’Eucharistie, il n’y a pas à désespérer. Il nous a dit ‘’ je serai avec vous jusqu’à la fin du monde’’.
Comme je vous le disais tout à l’heure, quelqu’un peut être gravement malade et retrouver la santé. Nous pouvons retrouver notre santé si nous allons à l’essentiel.
Qui est l’essentiel? C’est Dieu.
Qui est l’essentiel? C’est Jésus Christ.
Qui est l’essentiel? Ce sont les valeurs humaines.
Il y a de quoi espérer. Il ne faut pas se décourager et se désespérer. Nous vivons un moment difficile, mais ce moment va passer. L’aurore arrive. Nous pouvons avoir confiance que la lumière arrive. Cette lumière c’est Jésus. Lui, nous redonnera la joie de vivre, la joie de nous aimer et d’être

Dans 2019

l'éloge des murs rejetée par le pape François

Le Dim 07 avr 2019

 

Comme Emmanuel Macron, le pape François n’aime pas les murs

 

Tous deux ont également en commun une détestation du populisme, puisqu’il réclame des frontières qui séparent. "La peur est le début des dictatures", a lancé le Saint-Père, dimanche, de retour d’un voyage à Rabat au Maroc. Il y avait prononcé la veille un "discours aux migrants" prônant l’ouverture de l’Europe et "un élargissement des canaux de migrations". Le chef de l’État français, qui voit pour sa part une "lèpre qui monte" dans le réveil des peuples inquiets, ne peut qu’approuver cette envolée humaniste.

Le discours de François, pour qui l’immigré est "le Christ lui-même qui frappe à nos portes", est celui des "progressistes" qui pilotent actuellement l’Union européenne. Mais il y a un hic : ces pulsions universalistes sont vues comme des dangers existentiels par une partie importante de l’opinion européenne. Le Pape, qui promeut une société "interculturelle et ouverte", ne prête guère attention aux nations ouvertes et fragiles qui craignent l’invasion islamique. Macron partage, peu ou prou, ce même angélisme.

Oui, il y a de quoi être atterré par les déclarations du Pape, quand il dit s’accommoder d’un christianisme "minoritaire" en Europe. "Jésus ne nous a pas choisis et envoyés pour que nous soyons les plus nombreux !", dit-il. Son défaitisme emprunte aux prêches laïcs du politiquement correct. Cette morale postchrétienne est acquise aux soumissions, au nom de l’apaisement et du respect de l’Autre. Cela fait des décennies que ses évangélisateurs, omniprésents dans les médias et la politique, glorifient le "vivre ensemble". Cette tromperie exacerbe les conflits entre communautés.

Le macronisme est l’enfant de cette idéologie relativiste et déculturée ; elle croit que les peuples et les nations sont remplaçables. Un des ressorts de la révolte des "gilets jaunes" reste le sursaut vital d’une France attachée à sa mémoire collective et à ses identités régionales. Macron méprise ce "monde ancien" qui a décidé de renaître sans lui. Les catholiques devront-ils aussi se passer de ce pape politisé pour regagner leur place ?

François et Macron devraient entendre les plaintes contre une Union européenne indiscernable

Le paradis, dans son étymologie persane, désignait un jardin clos de murs. Rien n’est plus humain que le désir d’être chez soi. Une même incompréhension du monde est partagée à l’Élysée et au plus haut sommet du Vatican, à propos de l’immigration. Il suffit, pour s’en convaincre, de lire le cardinal guinéen Robert Sarah (Le soir approche et déjà le jour baisse, Fayard). Dans un entretien à Valeurs Actuelles, le préfet de la Congrégation pour le culte divin défend une Europe protectrice de ses peuples. Pour lui, «c’est une fausse exégèse que d’utiliser la parole de Dieu pour valoriser la migration. Dieu n’a jamais voulu ces déchirements». Mgr Sarah dit aussi: «Il faut mieux aider les gens à s’épanouir dans leur culture que de les encourager à venir dans une Europe en pleine décadence […] Si l’Occident continue dans cette voie funeste il y a un grand risque que, faute de natalité, il disparaisse, envahi par les étrangers.»

Mgr Sarah serait-il de ces «haineux» que fustige Macron ?

Une bonne nouvelle Il est vain de chercher à disqualifier les gens qui veulent s’abriter derrière des frontières, des barrières, des obstacles pour empêcher des arrivées indésirables. D’épaisses murailles protègent le Vatican ; l’Élysée est infranchissable pour qui n’est pas admis. La survie de l’Europe est posée à terme si rien ne vient freiner le remplacement des populations.

Cette stratégie est défendue depuis 2000, en employant ces deux termes, par les Nations unies. Ce dessein n’a rien de «complotiste». Les arguments de l’ONU visent explicitement à pallier le vieillissement de l’Europe et la faillite des régimes de retraites par l’accueil massif de jeunes migrants.

Ceux qui accusent l’écrivain Renaud Camus d’alerter en vain sur la perspective d’un «grand remplacement» sont les mêmes qui nient depuis toujours les réalités qui dérangent. Rien n’est encore inexorable (Jean-Paul Gourévitch, Le Grand Remplacement, réalité ou intox?, Pierre-Guillaume de Roux). Mais il suffit de regarder la nouvelle physionomie de certaines cités ou de certains quartiers pour se convaincre de la libanisation d’une France en voie de colonisation.

Le Pape demande désormais à passer à des «actions concrètes» Est-ce l’effet des tabous? Si l’immigration apparaît dans les sondages comme une des préoccupations centrales chez les électeurs pour les européennes, le thème n’a été que timidement abordé lors du grand débat gouvernemental. Cette lacune n’est pas l’effet d’une indifférence, comme le soutiennent les professionnels du déni. L’évacuation du sujet illustre la parole policée des réunions sous surveillance.

Cette culpabilisation est de celle dont veulent se libérer les citoyens désireux de parler clair. Cependant, Macron n’est guère disposé à avaliser un discours de fermeté. Lundi, il a fait savoir qu’il n’entendait pas se renier. Son accord donné au pacte mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières, signé en décembre à Marrakech, l’oblige moralement à promouvoir «le discours sur la migration». C’est en vertu de ce texte, théoriquement non contraignant, que le Pape demande désormais à passer à des «actions concrètes».

«Les solutions que nous allons mettre en œuvre seront puissantes», a prévenu, mardi, le Premier Ministre. En attendant, les premières réponses à la colère des «gilets jaunes» n’ont fait qu’exacerber la crise de la démocratie. En s’appropriant le grand débat, le chef de l’État a fait sa propre promotion au détriment de l’écoute des révoltés. En octroyant cette semaine à des députés boudeurs l’ouverture d’un petit débat sans vote, il a illustré la crise de la représentativité.

Mercredi, Macron s’est dit prêt à «redéfinir un projet national et européen». Mais ce dernier n’aurait de sens que si le président récusait sa signature du pacte de Marrakech ou son discours de la Sorbonne sur la «souveraineté européenne», qui, selon François Lenglet (Tout va basculer!, Albin Michel), sort «tout droit des années 1980». La bonne nouvelle semble être la conscience par le gouvernement de l’overdose fiscale, qu’il promet de corriger pour les classes moyennes. Toutefois, rien n’est suggéré pour réduire les dépenses publiques.

Des élections européennes détournées

Macron veut faire des européennes une réponse à sa nouvelle politique. Mais par ce détournement, il accentue le risque de transformer ce scrutin en référendum sur sa présidence contestée.

 

Yvan Rioufol, journaliste du Figaro