Chrétiens en Ubaye

tribune libre

Dans 2019

l'antichristianisme fondamental du projet européen

Le Mar 28 mai 2019

source : éditorial de Boulevard Voltaire au lendemain des élections européennes du 26 mai 2019

 

L’entreprise européenne a longtemps porté avec elle, surtout dans le monde catholique, un fumet de bien-pensance. De manière corollaire planait sur ceux qui s’y opposaient le soupçon d’être de mauvais chrétiens.

Bien-pensance : les Églises ont pris parti pour le oui, chaque fois qu’il y a eu des référendums sur le projet européen (1992, 2005), croyant faire entendre la voix de la raison. Cela est vrai de la Conférence des Églises européennes mais aussi de la Conférence des évêques de France. La presse catholique du courant principal est à l’avenant. C’est dans cette ligne que, le 14 mai dernier, le CECEF (Conseil des Églises chrétiennes en France) a publié un communiqué appelant à soutenir l’entreprise européenne aux prochaines élections.

On invoque les pères fondateurs, démocrates-chrétiens (et catholiques) tous les trois ; Adenauer, De Gasperi et Schuman. Le drapeau européen frappé des douze étoiles d’or rappelle celles qui nimbent la Vierge de l’Apocalypse. De ce fait, un homme comme Charles de Gaulle, quoique catholique pratiquant, se trouvait être un chrétien suspect du fait son opposition à Bruxelles. Pour les mêmes raisons, beaucoup de laïcistes se sont méfiés de la construction européenne.

Il est clair que ceux qu’inspirent encore ces vieilles lunes n’ont pas encore pris la mesure de la véritable inversion des signes qui s’est produite au cours des quarante dernières années : tout se passe, en effet, comme si Bruxelles était devenue, au contraire, le centre nerveux de l’antichristianisme en Europe.

On s’est longtemps contenté de dire que l’Europe des Six issue du traité de Rome (lieu significatif) était dominée par les forces catholiques et que l’élargissement y avait seulement accru le poids du monde protestant et donc anglo-saxon. Mais aujourd’hui, la mutation est allée bien plus loin. En témoignent le refus d’inscrire les racines chrétiennes de Europe dans les textes constitutifs, la propagande active en faveur des évolutions libertaires les plus débridées, tant de la Commission que du Parlement européens, où la majorité social-démocrate et populaire est toujours prête à toutes les surenchères, le harcèlement des pays qui leur résistent.

Si cela était nécessaire, on en verra la confirmation dans la récente réunion électorale qui s’est tenue à l’université de Varsovie en présence de Donald Tusk, président du Conseil européen en faveur de l’opposition européiste au gouvernement polonais. Leszek Jażdżewski, rédacteur en chef du journal Liberté, y a prononcé, sans que Tusk les désavoue, un discours d’une grossièreté et d’une violence inimaginables à l’encontre de l’Église catholique, laissant loin derrière tout ce qui pouvait se dire en France au temps du petit père Combes.

Il faudrait de longs développements pour approfondir les raisons de cette mutation qu’a connue l’idée européenne au point d’être, désormais, associée à l’antichristianisme le plus virulent. Mais il est assez clair qu’elle est inséparable de la dérive idéologique de la construction européenne. Loin d’être un projet de coopération naturel entre pays libres désireux de travailler ensemble, le projet européen est conçu, aujourd’hui, par ses partisans comme un projet messianique d’abolition des frontières et d’arasement du fait national. Il n’est pas seulement une réalité politique mais une révolution destinée à remettre en cause cette réalité anthropologue fondamentale qu’est le fait national.

L’expérience du siècle dernier a montré que le fait idéologique, que ce soit le communisme ou le socialisme national (dit nazisme), est toujours allé vers une hostilité radicale au fait religieux, ce qui est normal dès lors qu’il se pose comme une Église de substitution. Comment s’étonner qu’il en aille de même avec la troisième des grandes utopies, l’utopie mondialiste, dont le projet européen n’est, de l’aveu de Jean Monnet lui-même, qu’une étape ?

Il est temps que ce qui reste de croyants en France et en Europe ouvrent les yeux devant ce qui n’est pas seulement un affadissement des convictions chrétiennes des pères fondateurs mais une véritable inversion du rapport du projet européen à la civilisation chrétienne pour laquelle il est devenu une véritable machine de destruction.

Dans 2019

l'Europe occidentale est en grand péril

Le Mar 09 avr 2019

entretien exclusif du cardinal Sarah avec Boulevard Voltaire

Vous venez de publier un nouveau livre entretien avec Nicolas Diat intitulé Le soir approche et déjà le jour baisse, aux Éditions Fayard.
Le moins que l’on puisse dire c’est que vous n’y maniez pas la langue de buis.
Si vous prenez à nouveau la parole, écrivez-vous, c’est que vous ne pouvez plus vous taire, ‘’les chrétiens étant désorientés’’, ce sont vos mots.
Faites-vous là allusion au récent scandale qui a touché l’Église ?

Je ne fais pas uniquement référence à ce scandale. Nous vivons une grande crise depuis plusieurs années. Je me rappelle qu’en 2016, juste avant son élection au siège Saint-Pierre, Benoit XVI disait que l’occident traversait une crise qui ne s’est jamais vérifiée dans l’Histoire du monde. Voyez-vous comment la famille est détruite ? Comment le mariage est conçu d’une manière différente de ce que nous avons toujours connu ? Comment l’anthropologie est en grande crise ?
Il y a bien sûr la crise économique, la crise politique et la crise des responsables, mais, on constate au niveau de l’Église une baisse énorme de la pratique religieuse. Les églises sont vides. L’enseignement de l’Église semble également très flou et confus. Beaucoup de gens sont désorientés et ne savent plus où aller. C’est cette réalité que j’ai décrite. Je n’invente rien. Je fais un constat le plus précis et le plus près possible de la vérité.
Nous voyons bien que ce que je décris existe. Il y a une grande confusion et une grande incertitude. Les gens veulent surtout qu’on leur indique la route et qu’on leur enseigne la foi que nous avons toujours vécue. La foi et la parole de Dieu ne changent pas. Dieu est le même.
Ce que dit ce livre est vraiment la réalité. Il s’agit de donner l’espérance, malgré cette crise, pour retrouver vie et confiance. Sur le plan humain, quelqu’un peut avoir une maladie grave, se soigner et retrouver la santé. Une autre personne peut aussi traverser une difficulté passagère, mais après des efforts et l’aide qu’elle reçoit, elle retrouve une certaine assurance.
Il y a des périodes de désemparement, mais on peut quand même trouver une espérance. C’est ce que j’essaie de dire dans ce livre.

 

Vos propos semblent viser à réveiller un occident en perdition. Il est à rebours du discours habituel sur le sujet. Dans votre livre Dieu ou rien, vous rendez hommage, je cite ‘’aux beaux fruits de la colonisation occidentale, aux missionnaires de France qui vous apportent le vrai Dieu’’. Aujourd’hui, en somme, le missionnaire c’est vous et la terre de mission, c’est la France.
Diriez-vous que l’occident a oublié ses racines et a dilapidé son héritage ?

 

Je crois que nous devons être vrais. J’ai tout reçu de l’occident. J’ai reçu ma formation et ma foi. On a l’impression aujourd’hui que l’occident renie ses origines, son histoire et ses racines. Il me semble que nous vivons comme si nous n’avions rien à voir avec le christianisme. Ce n’est pas vrai. Lorsqu’on ouvre les yeux, on voit bien l’architecture, la musique, la littérature et que tout est chrétien. Je ne vois pas pourquoi on peut nier ce qui est. Nier ce qui est, c’est se mentir à soi-même.
Je pense que l’occident est en péril s’il renie ses racines chrétiennes. C’est comme un grand fleuve, il a beau être immense et majestueux, s’il perd sa source, il n’est plus alimenté et se dessèche au bout d’un certain temps. C’est comme un arbre qui n’a plus de racines, il meurt.
Un occident sans racines chrétiennes est un occident menacé de mort et de disparition. Il s’est fait envahir par d’autres cultures qui, elles, ne renoncent pas à leur histoire et combattent pour montrer qu’elles ont une culture à proposer. D’autres cultures envahissent l’Europe, comme les cultures musulmane et bouddhiste.
Il est important qu’il reprenne conscience que ses valeurs, belles, majestueuses et nobles se perdent.
Je ne prétends pas être le missionnaire. Nous sommes tous, par le baptême, envoyés pour que faire connaître le Christ et l’évangile, et la réalité nouvelle qu’il nous propose. Aujourd’hui, les écritures nous disent encore ‘’ je fais un monde nouveau’’. Ce monde nouveau est créé par le Christ lui-même.
Je souhaite que ce livre puisse réveiller la conscience occidentale. Je crois que l’occident a une mission spéciale. Ce n’est pas pour rien que Dieu nous a communiqué la foi par l’occident. Ce que Dieu donne est permanent, c’est pour toujours et non pour un instant.
L’occident a une mission universelle, à cause de sa culture, de sa foi, de ses racines et son lien personnel avec Dieu.
Si l’occident perdait ses racines, il y aurait un bouleversement énorme et terrible dans le monde.
Je crois profondément au rôle essentiel de l’islam pour notre civilisation. J’espère que la lecture du livre ‘’ Le soir approche et déjà le jour baisse’’ sera un moyen pour réveiller la conscience occidentale, mais aussi notre conscience de chrétien.


Vous vous inquiétez de la migration et de ses conséquences. Vous écrivez que le déracinement culturel et religieux des Africains projetés dans des pays occidentaux qui traversent eux-mêmes une crise sans précédent est un terreau mortifère. Quel est selon vous le regard chrétien à porter sur la migration ?

Je crois que lorsqu’ils arrivent en occident, ils se rendent tout de suite compte que c’est un occident qui a perdu Dieu, qui est plongé dans le matérialisme, dans la négation de Dieu et qui ne voit que la technique et le bien être. Cela les désempare.
Je connais l’Afrique et l’Asie. Ce sont des continents profondément attachés à Dieu et au transcendant. Arrivés ici, ils trouvent uniquement le matériel. Cela peut être une désorientation pour eux. Or, je pense que si vous les accueillez, ce n’est pas seulement pour leur donner du travail, un logis et de quoi vivre. Proposez-leur aussi ce qui fait votre richesse, sans forcer personne. La foi est un acte d’amour. On ne force pas quelqu’un à aimer. Proposez-leur votre richesse, votre foi chrétienne en laissant chacun sa liberté d’accepter ou de refuser.
Je pense que là aussi, l’occident a une mission. Quand vous recevez quelqu’un, vous lui donnez le meilleur de vous-même. Le meilleur de vous-même est votre coeur. Si quelqu’un arrive dans votre maison, vous lui donnez une chambre et de la nourriture. Si cette personne voit que vous n’êtes pas content, triste ou pas heureux de le recevoir, alors, il ne va pas manger ce que vous lui donnez. Le meilleur de nous-même n’est pas ce que nous donnons matériellement, mais c’est notre coeur.
Il faut que l’occident donne son coeur. Or, ce coeur, c’est votre foi, votre lien à Dieu, votre richesse ancestrale qui vous a fait naître et qui vous a façonnés. C’est le christianisme qui vous a façonnés. Donnez aux étrangers qui arrivent, c’est vraiment cela qui fait votre richesse.

 

Vous venez dénoncer une vision irénique des autres religions, y compris de la part des catholiques.
‘’Qui se lèvera pour annoncer la vraie foi aux musulmans?’’ écrivez-vous. Faut-il y voir une mauvaise interprétation du dialogue inter-religieux ?

 

Quand deux personnes se parlent, chacun s’affirme dans ce qu’il est profondément. Il n’y a pas de dialogue si moi je m’efface. Le vrai dialogue est lorsque chacun dit ce qu’il est, ce qui fait sa vie profonde et ce qui fait sa foi. Dialoguer n’est pas offusquer ou de ne pas froisser l’autre de cacher sa foi. Un dialogue, c’est véritablement aller vers la vérité ensemble. Si nous sommes vraiment sincères, nous allons aboutir à une vérité. Le dialogue est pour moi très important, parce que c’est une recherche de vérité. Nous cheminons ensemble pour voir la lumière. Une fois que nous avons vu la lumière, soit il faut fermer les yeux pour ne pas suivre la lumière, soit on dit ‘’ c’est ça la lumière’’. Si réellement, Jésus est vraiment la lumière, nous ne pouvons pas ne pas l’accepter ensemble. Si vraiment Jésus est le chemin, nous ne pouvons pas ne pas l’accepter. Si vraiment, il est la vie, nous ne pouvons pas ne pas l’accepter.
Le dialogue, c’est marcher ensemble dans la direction de la vérité, la trouver et l’accepter.

 

Vous portez un jugement très sévère sur la mondialisation. Vous dites qu’elle est contraire au projet divin.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

 

Vous et moi sommes différents. Cette différence est une grande richesse. C’est comme dans un jardin, vous voyez des fleurs jaunes et vertes. Cet ensemble fait une beauté extraordinaire. La globalisation voudrait supprimer toutes les différences linguistiques, raciales et frontalières. Je ne sais pas où nous allons aboutir.
Je pense que s’il n’y a pas de discernement et de sagesse, la globalisation constitue un grand danger pour la valorisation de chaque culture et de chaque peuple. Chacun de nous a une histoire, une culture et une richesse qu’il apporte aux autres. Alors, niveler toutes les cultures et tous les peuples pour n’en faire qu’un est pour moi, un appauvrissement.
La mondialisation va contre le désir de Dieu qui a voulu nous créer différents pour nous enrichir mutuellement. Aujourd’hui, on a presque l’impression qu’il y a une américanisation, une européisation. Tout le monde doit être européen. La vision du monde, de l’économie et de l’homme doit être européenne. C’est un appauvrissement. Les Asiatiques ont une vision belle et approfondie.
Je ne suis pas contre la mondialisation. Plus on est ensemble, plus on est puissant, plus on peut faire de belles choses, sans pour autant supprimer les personnalités et les spécificités de chaque peuple. C’est cela que je dénonce. Que les Français soient français, que les Polonais soient polonais et que les Allemands soient allemands, quitte à coopérer ensemble.


Parmi les maux qui touchent les catholiques, vous évoquez le relativisme ambiant, la défaillance de la catéchèse et l’absence de prière… est-ce aux clercs que vous vous adressez ?”

J’attribue la responsabilité de la baisse de la foi et de la pratique, et d’un certain manque de connaissance de la religion et de la doctrine aux prêtres. C’est leur métier. Ils sont envoyés pour enseigner. Le Christ a dit ‘’ allez enseigner toutes les nations’’.
Si nous n’enseignons plus la doctrine, nous appauvrissons les chrétiens qui ne savent plus lire. Si le prêtre est tout le temps en train de s’agiter, il n’a pas le temps de prier. On va imiter sa façon de faire. Notre responsabilité est énorme. Nous devons être les modèles du troupeau, des modèles de prière et de vie morale. Je ne dis pas que tout vient du clergé, mais vous voyez quand même qu’il y a aujourd’hui des accusations horribles sur le clergé, contre les cardinaux et les évêques. Tout n’est peut-être pas vrai, mais même si c’était un seul prêtre qui faisait des choses comme celles-là, il pourrait décourager beaucoup de laïcs.
Beaucoup diront que la prière n’est peut-être pas essentielle. C’est pourtant l’activité essentielle. C’est ce qu’on voit qui est essentiel.
J’ai tendance à parler longuement, mais si vous prêchez 5 ou 10 min une fois par semaine, vous affamez les gens. Chacun de nous mange régulièrement pour maintenir sa santé. Si on donne une homélie de 10 min chaque dimanche, il n’y a aucune nourriture dedans. Il y a donc une responsabilité que j’attribue aux prêtres. Ils doivent prendre au sérieux cette mission d’enseigner, de sanctifier le peuple de Dieu et de le gouverner. Gouverner ne veut pas dire d’imposer des choses, mais plutôt d’orienter et de faire avancer vers Dieu pour une meilleure connaissance de lui.
J’attribue aussi cette responsabilité aux familles. Les familles ne connaissent pas Dieu, elles ne prient pas souvent et n’amènent pas les enfants à l’église. Ils ne savent pas quoi croire, ils ne savent pas ce qu’est la foi.
Nous avons tous une responsabilité dans ce que nous vivons aujourd’hui, soit au niveau de la baisse et de la pratique de la foi, soit de l’engagement missionnaire. Nous sommes tous appelés à enseigner, à sanctifier et à orienter les personnes vers Dieu.


Vous parlez de décadence et évoquez la chute de l’Empire romain dans ce livre, comme s’il y avait une analogie. Votre titre laisse supposer qu’il est presque trop tard.
Que diriez-vous à ceux qui pourraient désespérer ?

Le titre du livre est un passage de l’évangile de Saint-Luc. La situation que nous vivons est celle que les premiers chrétiens et les premiers disciples de Jésus ont vécu. Jésus est mort et enterré et ils sont tous découragés.
Chacun rentrait chez soi et voilà que Jésus les rejoint en leur demandant pourquoi ils sont tristes. Ils lui répondent ‘’vous ne savez pas ce qu’il s’est passé à Jérusalem ?. Ils ont tué Jésus qui était un grand prophète, nous espérions que c’était le Messie, voilà trois jours qu’il est mort et maintenant nous rentrons chez nous’’.
Pendant longtemps, il expliquera que c’est comme cela que le Christ devait finir pour le salut du monde. Puis ils entrent dans une auberge, il prend le pain, il fait la bénédiction, il rompt le pain, il leur donne à manger et ils reconnaissent que Jésus est là et vivant.
Nous pouvons nous aussi avoir cette impression que tout est perdu. Mais si nous reconnaissons Jésus à travers sa parole et à travers l’Eucharistie, il n’y a pas à désespérer. Il nous a dit ‘’ je serai avec vous jusqu’à la fin du monde’’.
Comme je vous le disais tout à l’heure, quelqu’un peut être gravement malade et retrouver la santé. Nous pouvons retrouver notre santé si nous allons à l’essentiel.
Qui est l’essentiel? C’est Dieu.
Qui est l’essentiel? C’est Jésus Christ.
Qui est l’essentiel? Ce sont les valeurs humaines.
Il y a de quoi espérer. Il ne faut pas se décourager et se désespérer. Nous vivons un moment difficile, mais ce moment va passer. L’aurore arrive. Nous pouvons avoir confiance que la lumière arrive. Cette lumière c’est Jésus. Lui, nous redonnera la joie de vivre, la joie de nous aimer et d’être

Dans 2019

l'éloge des murs rejetée par le pape François

Le Dim 07 avr 2019

 

Comme Emmanuel Macron, le pape François n’aime pas les murs

 

Tous deux ont également en commun une détestation du populisme, puisqu’il réclame des frontières qui séparent. "La peur est le début des dictatures", a lancé le Saint-Père, dimanche, de retour d’un voyage à Rabat au Maroc. Il y avait prononcé la veille un "discours aux migrants" prônant l’ouverture de l’Europe et "un élargissement des canaux de migrations". Le chef de l’État français, qui voit pour sa part une "lèpre qui monte" dans le réveil des peuples inquiets, ne peut qu’approuver cette envolée humaniste.

Le discours de François, pour qui l’immigré est "le Christ lui-même qui frappe à nos portes", est celui des "progressistes" qui pilotent actuellement l’Union européenne. Mais il y a un hic : ces pulsions universalistes sont vues comme des dangers existentiels par une partie importante de l’opinion européenne. Le Pape, qui promeut une société "interculturelle et ouverte", ne prête guère attention aux nations ouvertes et fragiles qui craignent l’invasion islamique. Macron partage, peu ou prou, ce même angélisme.

Oui, il y a de quoi être atterré par les déclarations du Pape, quand il dit s’accommoder d’un christianisme "minoritaire" en Europe. "Jésus ne nous a pas choisis et envoyés pour que nous soyons les plus nombreux !", dit-il. Son défaitisme emprunte aux prêches laïcs du politiquement correct. Cette morale postchrétienne est acquise aux soumissions, au nom de l’apaisement et du respect de l’Autre. Cela fait des décennies que ses évangélisateurs, omniprésents dans les médias et la politique, glorifient le "vivre ensemble". Cette tromperie exacerbe les conflits entre communautés.

Le macronisme est l’enfant de cette idéologie relativiste et déculturée ; elle croit que les peuples et les nations sont remplaçables. Un des ressorts de la révolte des "gilets jaunes" reste le sursaut vital d’une France attachée à sa mémoire collective et à ses identités régionales. Macron méprise ce "monde ancien" qui a décidé de renaître sans lui. Les catholiques devront-ils aussi se passer de ce pape politisé pour regagner leur place ?

François et Macron devraient entendre les plaintes contre une Union européenne indiscernable

Le paradis, dans son étymologie persane, désignait un jardin clos de murs. Rien n’est plus humain que le désir d’être chez soi. Une même incompréhension du monde est partagée à l’Élysée et au plus haut sommet du Vatican, à propos de l’immigration. Il suffit, pour s’en convaincre, de lire le cardinal guinéen Robert Sarah (Le soir approche et déjà le jour baisse, Fayard). Dans un entretien à Valeurs Actuelles, le préfet de la Congrégation pour le culte divin défend une Europe protectrice de ses peuples. Pour lui, «c’est une fausse exégèse que d’utiliser la parole de Dieu pour valoriser la migration. Dieu n’a jamais voulu ces déchirements». Mgr Sarah dit aussi: «Il faut mieux aider les gens à s’épanouir dans leur culture que de les encourager à venir dans une Europe en pleine décadence […] Si l’Occident continue dans cette voie funeste il y a un grand risque que, faute de natalité, il disparaisse, envahi par les étrangers.»

Mgr Sarah serait-il de ces «haineux» que fustige Macron ?

Une bonne nouvelle Il est vain de chercher à disqualifier les gens qui veulent s’abriter derrière des frontières, des barrières, des obstacles pour empêcher des arrivées indésirables. D’épaisses murailles protègent le Vatican ; l’Élysée est infranchissable pour qui n’est pas admis. La survie de l’Europe est posée à terme si rien ne vient freiner le remplacement des populations.

Cette stratégie est défendue depuis 2000, en employant ces deux termes, par les Nations unies. Ce dessein n’a rien de «complotiste». Les arguments de l’ONU visent explicitement à pallier le vieillissement de l’Europe et la faillite des régimes de retraites par l’accueil massif de jeunes migrants.

Ceux qui accusent l’écrivain Renaud Camus d’alerter en vain sur la perspective d’un «grand remplacement» sont les mêmes qui nient depuis toujours les réalités qui dérangent. Rien n’est encore inexorable (Jean-Paul Gourévitch, Le Grand Remplacement, réalité ou intox?, Pierre-Guillaume de Roux). Mais il suffit de regarder la nouvelle physionomie de certaines cités ou de certains quartiers pour se convaincre de la libanisation d’une France en voie de colonisation.

Le Pape demande désormais à passer à des «actions concrètes» Est-ce l’effet des tabous? Si l’immigration apparaît dans les sondages comme une des préoccupations centrales chez les électeurs pour les européennes, le thème n’a été que timidement abordé lors du grand débat gouvernemental. Cette lacune n’est pas l’effet d’une indifférence, comme le soutiennent les professionnels du déni. L’évacuation du sujet illustre la parole policée des réunions sous surveillance.

Cette culpabilisation est de celle dont veulent se libérer les citoyens désireux de parler clair. Cependant, Macron n’est guère disposé à avaliser un discours de fermeté. Lundi, il a fait savoir qu’il n’entendait pas se renier. Son accord donné au pacte mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières, signé en décembre à Marrakech, l’oblige moralement à promouvoir «le discours sur la migration». C’est en vertu de ce texte, théoriquement non contraignant, que le Pape demande désormais à passer à des «actions concrètes».

«Les solutions que nous allons mettre en œuvre seront puissantes», a prévenu, mardi, le Premier Ministre. En attendant, les premières réponses à la colère des «gilets jaunes» n’ont fait qu’exacerber la crise de la démocratie. En s’appropriant le grand débat, le chef de l’État a fait sa propre promotion au détriment de l’écoute des révoltés. En octroyant cette semaine à des députés boudeurs l’ouverture d’un petit débat sans vote, il a illustré la crise de la représentativité.

Mercredi, Macron s’est dit prêt à «redéfinir un projet national et européen». Mais ce dernier n’aurait de sens que si le président récusait sa signature du pacte de Marrakech ou son discours de la Sorbonne sur la «souveraineté européenne», qui, selon François Lenglet (Tout va basculer!, Albin Michel), sort «tout droit des années 1980». La bonne nouvelle semble être la conscience par le gouvernement de l’overdose fiscale, qu’il promet de corriger pour les classes moyennes. Toutefois, rien n’est suggéré pour réduire les dépenses publiques.

Des élections européennes détournées

Macron veut faire des européennes une réponse à sa nouvelle politique. Mais par ce détournement, il accentue le risque de transformer ce scrutin en référendum sur sa présidence contestée.

 

Yvan Rioufol, journaliste du Figaro

Dans 2018

la colère de l'Eternel contre le parlement européen

Le Dim 23 sept 2018

Une majorité écrasante de parlementaires avaient voté des sanctions à l’encontre de la Hongrie parce que celle-ci avait voulu défendre la Chrétienté en Europe en s’opposant à la répartition d’infidèles dans chaque pays de l’Union européenne.

– Alerté de la colère de L’Éternel, le chef des républicains français s’approcha et lui dit : Feras-tu périr aussi le juste avec le méchant ? Peut être y a-t-il cinquante justes parmi les représentants français qui ont voté contre les sanctions à l’encontre de la Hongrie ?
– Et L’Éternel dit : Si je trouve cinquante justes au milieu d’eux, je pardonnerai à tout le Parlement européen à cause d’eux.
– Le chef reprit et dit : Voici, j’ai osé parler au Seigneur, moi qui ne suis que poudre et cendre. Peut-être des cinquante justes en manquera-t-il cinq ? Pour cinq, détruiras-tu tout le Parlement ?
– Et L’Éternel dit : Je ne le détruirai point, si j’y trouve quarante-cinq justes parmi les républicains français.
– Le chef des républicains continua de lui parler, et dit : Peut-être s’y trouvera-t-il quarante justes ?
– Et L’Éternel dit : Je ne ferai rien, à cause de ces quarante.
– Le chef dit : Que le Seigneur ne s’irrite point, et je parlerai. Peut-être s’y trouvera-t-il trente justes ?
– Et L’Éternel dit : Je ne ferai rien, si j’y trouve trente justes.
– Le chef des républicains dit : Voici, j’ai osé parler au Seigneur. Peut-être s’y trouvera-t-il vingt justes ?
– Et L’Éternel dit : Je ne détruirai point le parlement européen, à cause de ces vingt.
– Le chef des républicains dit : Que le Seigneur ne s’irrite point, et je ne parlerai plus que cette fois. Peut-être s’y trouvera-t-il dix justes ?
– Et L’Éternel dit : Je ne le détruirai point, à cause de ces dix justes.

A l’issue du dépouillement du vote, il n’y eut que trois justes parmi les républicains français à défendre la Chrétienté en Europe : Franck Proust, Nadine Morano et Angélique Delahaye.

Alors L’Éternel n’eut d’autre choix que de détruire le parlement européen.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Bernard Martoia pour Dreuz.info.

https://www.dreuz.info/2018/09/19/la-colere-de-leternel-contre-le-parlement-europeen/

Dans 2018

Nos cathédrales ne sont pas des musées

Le Ven 13 juil 2018

Pétition à monsieur Gérard Collomb, ministre de l’intérieur et des cultes

 

Monsieur le Ministre,

Le 10 novembre 2017, M. Stéphane Bern, mandaté par le Président de la République pour veiller à la sauvegarde du patrimoine, a annoncé vouloir rendre payant l’accès aux cathédrales. En agissant ainsi il traite nos cathédrales comme des vestiges du passé tels que le Colisée de Rome ou les pyramides d’Égypte.

De fait, les cathédrales sont l’occasion pour beaucoup de nos contemporains de se familiariser avec la culture chrétienne qui est celle, faut-il le rappeler, de la France. Ce sont des oasis de beauté et de sacralité où chacun, y compris les plus démunis, peuvent trouver un peu de réconfort.

Le rôle des pouvoirs publics est donc d’en faciliter l’accès plutôt que de le restreindre. Contrairement à ce qu’affirme M. Bern, l’argent public existe pour cela. Il suffit de récupérer celui qui est détourné pour financer des centres islamiques et le consacrer à la restauration du patrimoine commun reçu de nos ancêtres.

Monsieur le Ministre, je vous demande d’agir en ce sens et de tout faire pour que le projet de Stéphane Bern ne soit pas mis à exécution.

https://www.avenirdelaculture.info/nos-cathedrales-ne-sont-pas-des-musees/

 

 
Dans 2018

Terre de France, réveille toi !

Le Sam 26 mai 2018

Le cardinal Sarah aux 12.000 pèlerins de Chartres : Terre de France, réveille-toi !

 

 On peut décider de ne pas en parler. C’est, d’ailleurs, le choix d’une grande partie de la presse qui préfère, ces jours-ci, se concentrer sur Mai 68, le ramadan ou la poignée de bloqueurs d’université.

Ce n’est pas les intéressés, d’ailleurs, que ça va déranger, leur génération ne regarde plus depuis longtemps la télé. Mais, disons-le tout de suite aux médias : il ne faudra pas, ensuite, aller se plaindre, les gars, s’ébaubir, pousser des oh, des ah (comme pour LMPT), « Menfin ! d’où sortent tous ces gens-là ? » quand ce mouvement de fond silencieux, cette jeunesse florissante, discrète, mais décomplexée – c’est ce qui fait la différence avec ses aînés -, sortira du bois pour telle ou telle cause, et que l’on ne pourra plus l’ignorer.

Car cela viendra.

Mai 68 a 50 ans, Daniel Cohn-Bendit, 73. Les 12.000 pèlerins lancés sur la route de Chartres en ce week-end de Pentecôte par le pèlerinage Notre-Dame de chrétienté, ont 21 ans en moyenne, 30 pour le clergé qui les encadre.

Ils rient, ils s’amusent, ils prennent des airs tragico-comiques pour contempler leurs ampoules, leur bronzage agricole et leurs cheveux en pétard après deux nuits sous la tente, comme tous les jeunes de leur âge. Et puis ils prient, ils chantent, ils s’agenouillent, ils souffrent, ils offrent, ils méditent, ils posent leur téléphone pour descendre, durant trois jours, au fond de leur âme, comme aucun jeune de leur âge.

Ils ont affreusement mal aux pieds et horriblement mal dormi mais – allez comprendre – en redemandent chaque année, et ramènent en sus des copains au « pélé ». La liturgie y est, depuis toujours, en forme extraordinaire mais, par une porosité croissante, l’origine des pèlerins dépasse largement le cercle des chapelles dites «tradi.»

Sur les réseaux sociaux, même les identitaires, qui ont habituellement la dent dure avec les cathos (naïfs, cuculs, gentillets), s’étonnent, admiratifs : « 12.000 jeunes rassemblés, 0 embrouille, 0 dégradation, pas un papier par terre. Comment ce miracle est-il possible ? Qui est ce peuple éduqué et respectueux ? Quelle est cette communauté qui n’emmerde personne ? », tweete Damien Rieu.

La messe de clôture solennelle du lundi, en la cathédrale de Chartres, est comparable, mutatis mutandis, à la Rollex de Sarkozy vue par Séguéla : qui n’a jamais assisté à l’immense procession, sous les cantiques, de ce jeune clergé précédé par un interminable cortège de bannières, d’étendards et de statues de la Vierge, a un peu raté sa vie. La bonne nouvelle est que, dans l’Église, toute erreur a sa rédemption : il pourra y aller l’an prochain.

Cette année, elle était célébrée par le cardinal Sarah, et cette présence symbolique, infiniment touchante, sonnait comme un juste retour des choses : dans son premier livre Dieu ou rien, sans renier sa culture familiale, il disait sa grande reconnaissance pour les missionnaires français : « Mon entrée dans la famille du Christ doit tout au dévouement exceptionnel des pères spiritains. Je garderai ma vie durant une immense admiration pour ces hommes qui avaient quitté la France, leurs familles et leurs attaches afin de porter l’amour de Dieu aux confins du monde. »

Des dizaines d’années après, c’est lui qui vient transmettre le précieux dépôt à de jeunes Français pas plus vieux que le gamin qu’il était, c’est lui qui vient rendre son héritage à un peuple qui l’a oublié. Et il le fait d’une voix forte, sans ambages, avec des accents de Jean-Paul II au Bourget : « Terre de France, réveille-toi ! », « Peuple de France, retourne à tes racines ! » Il fustige un monde occidental pris en étau entre le nihilisme et l’islamisme, l’exhorte à prendre exemple sur ses ancêtres dont la foi a bâti ces cathédrales, demande aux jeunes d’être « les saints et les martyrs » de demain. Pour la langue de buis, ne pas compter sur lui. Le cardinal guinéen a secoué les puces, pour son bien, de l’Occident chrétien. Et si c’était cela, aussi, l’universalité de l’Église ?

 

par Gabrielle Cluzel pour le site Boulevard Voltaire

 

 

Dans 2018

Quiconque rencontre Jésus rencontre le judaïsme !

Le Mar 08 mai 2018

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, commission judeo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info

 

Si tout a commencé à changer depuis bien des décennies dans les relations entre l’Eglise et la Synagogue, c’est parce qu’en 1965, une réflexion commune entre chrétiens et juifs a abouti et s’est transformée, côté catholique, en déclaration conciliaire dénommée « Nostra Aetate ».

Quelques années plus tard, la même démarche se dessinait côté protestant. Evidemment, ce changement à 180° n’allait pas avoir un effet immédiat et n’avait pas le pouvoir magique de gommer instantanément tous les effets des sombres siècles d’antijudaïsme chrétien. Car le contentieux est lourd et s’écrit en lettres de sang. Certes, les chrétiens ne sont pas responsables de tout, mais ils y ont été pour beaucoup, institution ecclésiale comprise.

Aussitôt après la Shoah, en 1947, des intellectuels juifs et chrétiens ont compris qu’il serait désormais impossible de faire de la théologie comme avant ce séisme. Ils se sont réunis à Seelisberg, en Suisse, pour élaborer ensemble une plateforme de propositions, qui allait faire son chemin et refonder de nouvelles relations réciproques.

Puis, après la mise en route du processus de renouvellement entériné par le Concile Vatican II, il y eut l’engagement personnel du pape Jean Paul II, qui encouragea le dialogue judéo-chrétien tout au long de ses 28 ans de pontificat, avec des temps forts marquants et des formulations novatrices. Non seulement il développait avec conviction le fait que l’Eglise ne se substitue pas à Israël, que le peuple juif n’a jamais été « déicide », mais il instaurait chez les catholiques – par ses mises au point, ses multiples visites et rencontres – des relations d’estime envers les juifs et le judaïsme. Sa formule-choc «qui rencontre Jésus Christ rencontre le judaïsme !» (1980) a ouvert des pistes de travail irréversibles.

A partir de là se découvre tout un champ d’exploration passionnant, où spécialistes juifs et chrétiens ont pu collaborer à une plus exacte compréhension du message évangélique grâce aux clés juives d’interprétation. Mais ce ne sont pas seulement les racines du christianisme qui sont juives, comme si on repartait dans une quête archéologique, mais c’est aussi son actualité ! La richesse spirituelle du judaïsme éclaire toute la catéchèse et la liturgie. Dans le domaine de la lecture biblique, comment comprendre certains textes du nouveau testament sans faire référence aux mashalîm de l’époque où prêchait le rabbi Yeshua, ou encore aux targoums, commentaires imagés du premier Testament ?

Comment ne pas se familiariser avec les modes d’expression hébraïques pour mettre en relief le sens spirituel des premières affirmations de foi post-pascales? De même, l’eucharistie, qui est au centre de la vie chrétienne, est une manifestation rituelle d’essence entièrement judaïque, reliée à l’histoire d’Israël et à la révélation vétéro-testamentaire.

Mettre en évidence l’héritage commun n’a pas pour but de brouiller les identités spécifiques de chaque tradition, mais au contraire de les valoriser et les renforcer.

David Flusser, grand savant juif engagé dans le dialogue, écrivait que Jésus lui apparaît comme un excellent juif observant et pratiquant, et que rien de ce qu’il a dit ne lui semble contraire au judaïsme. Cela dit, le professeur Flusser ajoute un commentaire pertinent qui reste tout à fait d’actualité : mettre en évidence l’héritage commun n’a pas pour but de brouiller les identités spécifiques de chaque tradition, mais au contraire de les valoriser et les renforcer.

Ainsi un juif n’a pas à se sentir pris en otage par la théologie chrétienne de « l’accomplissement » du judaïsme par Jésus. « Je ne suis pas venu pour abolir mais accomplir »…(Mt 15.17) Il est clair que par son enseignement Jésus ne rend pas la Torah obsolète, et qu’il ouvre une voie de salut qui lui est propre sans pour autant rejeter le judaïsme, qui à l’époque est très diversifié. Jésus n’a jamais prétendu créer une nouvelle religion. Cela ne signifie pas aujourd’hui qu’un juif doive entrer dans la voie christique pour être un bon juif accompli, car affirmer cela serait disqualifier le judaïsme rabbinique. Il serait lamentable de continuer à devoir dénigrer le judaïsme pour valoriser le christianisme présenté comme alternative. Beaucoup ont pensé ainsi, hélas, à la suite de St Augustin et de bien des commentateurs à courte vue de l’histoire du salut et autres apologètes mal intentionnés.

C’est à cette croisée des chemins que la théologie du 21 siècle a encore du pain sur la planche, pour distinguer, et unir sans opposer, les deux voies issues du même tronc hébraïque. L’épître aux Romains apporte à cette perspective une lumière décisive : le refus historique par un courant juif de reconnaître Jésus Messie ne le condamne pas et ne le disqualifie pas ; car en vertu de l’Alliance tout Israël sera sauvé par Dieu qui ne renie jamais ses promesses.

L’élection d’Israël n’est en aucun cas révoquée par l’événement Jésus Christ (ou Yeshua–Mashiah), et la nouvelle Qehila élargie aux craignant-Dieu d’origine païenne a eu en tout état de cause besoin d’elle pour exister. Ce libre refus doit même avoir un retentissement positif dans la réflexion chrétienne, et c’est le rôle des théologiens chrétiens que d’interpréter positivement aux côtés de l’Eglise l’existence d’un Israël non chrétien dans les temps de l’histoire qui vont vers un achèvement heureux grâce à la dimension messianique. D’autant plus qu’Israël, comme l’Eglise, témoignent du même Dieu vivant et de ses valeurs humanistes au milieu de structures païennes idolâtriques.

Jean Paul II et à sa suite Benoît XVI ont particulièrement affectionné l’expression « nos frères aînés » dans la même foi biblique, conscients de l’importance du témoignage commun pour la sanctification du Nom. Le pape François a tenu des propos allant dans le même sens et a pris récemment la défense de la légitimité d’Israël, dénonçant l’antisionisme comme cache-misère de l’antisémitisme.

En Luc 2.29, on peut lire les paroles du vieux sage juif Siméon, tenant l’enfant Jésus dans ses bras : « Mes yeux ont vu le salut que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire pour ton peuple Israël ».

La lutte contre l’antisémitisme n’est pas un bouclier en faveur des juifs, c’est un combat pour l’humanité dans son ensemble.

Il est certain qu’après des siècles d’écrits et de manifestations anti-juives de toutes sortes, depuis les Pères de l’Eglise judéophobes jusqu’aux hostilités meurtrières et séculairement coutumières en chrétienté, il est extrêmement difficile de changer réellement le logiciel antérieur des relations entre chrétiens et juifs, car de part et d’autre, des blocages mémoriels demeurent et freinent la refondation de liens fraternels.

Pourtant, soyons réalistes ! Le temps presse, et c’est pourquoi toute initiative qui va dans ce sens est si importante, compte tenu des menaces qui pèsent de plus en plus sur le monde libre. Même si nous gardons un regard constructif sur nos potentialités, ne sous-estimons pas les périls liés à l’infiltration inéluctable de concepts sociétaux incompatibles avec les valeurs judéo-chrétiennes ; et contraires à cette spiritualité humaniste issue d’Israël, dans laquelle de nombreux non juifs et non chrétiens peuvent se reconnaître. La lutte contre l’antisémitisme n’est pas un bouclier en faveur des juifs, c’est un combat pour l’humanité dans son ensemble.

 

Dans 2018

comment la France a cessé d'être chrétienne dans les années soixante

Le Jeu 19 avr 2018

L'assistance à la messe dominicale représentait 25% de la population française au début des années soixante. Elle est tombée à moins de 2% en 2017.

Le professeur d'histoire contemporaine Guillaume Cuchet analyse les causes de cet effondrement dans son essai intitulé "Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement", publié par le Seuil.

L'auteur est interrogé par Jean-Christophe Buisson qui anime l'émission Historiquement Show sur la chaîne Histoire.

https://www.histoire.fr/actualit%C3%A9s/historiquement-show-311-guillaume-cuchet-christophe-dick%C3%A8s

L'universitaire a été également interrogé par l'abbé Claude Barthe sur la chaîne internet TV Libertés

https://www.youtube.com/watch?v=MVZQYxlt3J0&t=232s

 

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