Chrétiens en Ubaye

tribune libre

Dans 2021

combien d'églises au milieu du village ?

Le Mar 13 juil 2021

La publication romaine du motu proprio de Benoît XVI en 2007 sur la messe en latin, avait été suivie, quatre jours plus tard, par celle d’un document de la Congrégation de la Doctrine de la Foi sur des aspects fondamentaux de l’Eglise du Christ. 

Est-ce, comme certains l’ont ressenti, un nouveau pavé dans la vitrine de l’œcuménisme, lancé par une Eglise catholique arrogante?

Rappelons tout de même le contenu des deux textes.

1/ la messe en latin, patrimoine de l’Eglise :

On a accusé Benoît XVI de retour en arrière par concession aux intégristes. Pourtant, il ne faisait que réactualiser ce que le Concile Vatican II avait déjà énoncé : le rite latin issu des premiers siècles reste valable à côté du rituel conciliaire promulgué par Paul VI en 1969. Mais l’apport de Vatican II est aussi réaffirmé, et la messe en langue moderne reste la forme habituelle de la célébration eucharistique. Avec le rappel de repères précis à observer dans le déroulement des célébrations pour éviter les dérives fantaisistes.

Après la promulgation des textes du magistère, des associations juives se sont inquiétées d’un retour possible à l’ancien rituel préconciliaire où les juifs étaient injustement maltraités dans la liturgie. Or en 1962 déjà, Jean XXIII avait définitivement aboli les malencontreuses expressions « perfidis judaeis », et l’autorisation du rite latin ne permet aucunement d’y revenir. 

La prière pour les juifs, datée de 1969 dit désormais ceci : « prions pour les juifs à qui Dieu a parlé en premier ; qu’ils progressent dans l’amour de son Nom et la fidélité à son Alliance : Dieu éternel et tout-puissant, toi qui as choisi Abraham et sa descendance pour en faire les fils de ta promesse, conduis à la plénitude de ta rédemption le premier peuple del’Alliance…» Rien ici d’insultant pour les fils d’Israël. Dans le fait de prier pour la teshuva – le retour vers Dieu – des enfants du peuple porteur de la Parole, il ne faut voir aucun prosélytisme chrétien. Ces prières demandent pacifiquement la conversion, le changement d’état d’esprit et de comportement, de tous ceux qui croient en l’alliance. Tournant définitivement la page des formulations antérieures empreintes d’antijudaïsme, il n’y a en réalité aucune intention récupératrice derrière ces expressions de foi bibliques familières aux prophètes d’Israël. Le souhait d’une plénitude finale dans la marche vers le monde à venir est une espérance commune à tous les croyants. 

2/ L’Eglise voulue par le Christ « subsiste » dans l’Eglise catholique :

C’est du côté protestant que sont venues les réactions critiques les plus radicales sur cette affirmation théologique, (subsistit) qui cependant n’est pas nouvelle puisqu’elle figure déjà dans Lumen gentium (1964). Du fait qu’aujourd’hui, au nom de la tolérance, le postulat le plus répandu est que toutes les croyances se valent, ce serait donc un crime de lèse-majesté sociologique que d’affirmer son identité et son affiliation à une tradition bimillénaire ? Exprimer la conviction que l’Eglise voulue par le Christ se retrouve de façon essentielle dans l’Eglise catholique, équivaut-il à disqualifier les autres ? Le document ne dit pourtant pas que l’Eglise du Christ se réduirait à l’Eglise romaine !

L’Eglise catholique romaine doit-elle solliciter un regard approbateur des autres confessions chrétiennes pour oser se définir dans ce qu’elle croit être fondamentalement, en lien avec ses origines? Si les Eglises de la Réforme ont fait le choix de se distinguer de l’Eglise romaine, sur des bases théologiques alternatives, qu’elles assument leur décision, pourquoi s’offusquent-elles de la différence qui en a résulté en matière d’ecclésiologie, de ministère, et d’éthique ? Sont-elles aussi sourcilleuses envers les positions de l’Eglise orthodoxe, membre avec elles du Conseil œcuménique des Eglises, lorsque celle-ci proclame dans sa charte qu’elle est la seule Eglise véritable ?

Dans ces communautés réformées séparées de Rome, il y a bien entendu des éléments de salut authentique reliés à l’Eglise-mère originelle, mais dans le protestantisme, la succession apostolique a été interrompue et la validité des ministères ordonnés a été abolie. Si messe et sainte cène, prêtres et pasteurs, étaient interchangeables, il n’y aurait déjà plus qu’une seule Eglise. Affirmer que l’unité est déjà faite, sous des prétextes prétendument prophétiques, ne fait que développer la confusion, c’est une posture déloyale envers les membres des différentes Eglises concernées. 

En résumé, deux conceptions de l’œcuménisme se révèlent inappropriées : la première qui consisterait à imaginer l’unité comme un retour mécanique de tous dans l’Eglise romaine. La seconde, qui concevrait l’unité comme une confédération passive de multiples communautés ecclésiales aux positions théologiques objectivement contradictoires.

Pour maintenir l’avenir ouvert, il est urgent que les chrétiens se respectent dans leurs affirmations de foi spécifiques, qu’ils renforcent les liens d’amitié, tout en progressant mutuellement, par un dialogue sincère, vers l’unité qui sera donnée d’en haut le jour venu. « Que tous soient un, afin que le monde croie ! » (Evangile de Jean). 

Le ressourcement des chrétiens aux racines communes toujours vivantes au cœur du judaïsme est en mesure de leur éviter de s’égarer sur des chemins divergents.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

Dans 2023

La Cour Européenne des Droits de l'Homme approuve le vol d'hosties consacrées

Le Lun 04 déc 2023

La Cour Européenne des Droits de l’Homme a débouté de leur plainte une association d’avocats chrétiens espagnols contre un artiste espagnol qui a dérobé plusieurs centaines d’hosties consacrées pour une installation artistique

Dans une décision rendue ce jeudi 30 novembre, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé irrecevable la requête d’une association d’avocats chrétiens, l'Asociación de Abogados Cristianos, dirigée contre les autorités espagnoles. Les requérants avaient porté plainte contre l’artiste Abel Azcona, qu’ils accusaient d’avoir enfreint les dispositions du Code pénal espagnol sanctionnant l’offense faite aux religions. Cet artiste avait posé nu en 2015, dans une église de Pampelune, à côté du mot «pédophilie» écrit au sol au moyen d’hosties consacrées. Les avocats chrétiens poursuivaient aussi la ville de Pampelune, soutien et financeur de l’installation artistique.

Cette œuvre, baptisée «Amen», avait été exposée dans une église désaffectée employée comme salle municipale par la mairie de Pampelune. L’installation montrait des photos d’Abel Azcona, entièrement nu, prostré dans une pose évoquant la blessure et la désolation, à côté de l’inscription formée par 242 hosties consacrées que l’artiste avait dérobées en assistant à la messe et en conservant à chaque fois l'hostie qui lui avait été distribuée au moment de la communion.

L’Église catholique enseigne qu’après le rituel de la consécration sur l’autel par le prêtre, ces rondelles de pain sans levain deviennent le corps de Jésus-Christ, dans un renouvellement mystique de sa Passion sur la croix. Par conséquent les fidèles n’accordent pas la même sacralité aux hosties selon si elles ont été consacrées ou non. Après la consécration, l’hostie est destinée soit à être mangée par les fidèles en mémoire de la Cène, soit à être conservée au tabernacle, une armoire richement décorée qui témoigne du respect des croyants à l’égard de la «présence réelle» de Dieu dans les églises.

L’artiste Abel Azcona avait en outre mis en scène le vol des hosties consacrées en photographiant, avec un appareil dissimulé, la façon dont il avait dérobé ces objets sacrés au cours des messes auxquelles il avait assisté. Sans surprise, l’exposition avait suscité la tristesse des catholiques espagnols. L'archevêque du diocèse de Pampelune-Tudela, Mgr Francisco Perez, avait alors dénoncé «une profanation grave de l'Eucharistie, un fait qui offense profondément la foi et les sentiments catholiques et viole la liberté religieuse», et appelé les prêtres à célébrer des messes de réparation.

Les protestations des catholiques font partie de l’oeuvre, selon l’artiste

Devant l’indignation des fidèles, le maire de Pampelune Joseba Asiron, qui finançait pourtant l’exposition au titre du soutien aux activités culturelles par le conseil municipal, avait demandé à l’artiste de «reconsidérer» une partie du contenu de l’exposition, épinglé par une pétition et des manifestations - sans succès. Malgré les demandes insistantes des catholiques, l’édile n’avait pas pour autant exigé le retrait de l’exposition.

Une première procédure pénale intentée par l'Asociación de Abogados Cristianos avait été close en 2016, le juge estimant qu’aucune infraction n’avait été commise par l’artiste, car celui-ci n’aurait pas eu l’intention d’offenser les croyants et qu’il entendait seulement dénoncer les scandales de pédophilie dans l’Église.

Pourtant, dans un entretien au média en ligne espagnol CTXT, Abel Azcona explique avoir volontairement choisi d’utiliser pour son œuvre des hosties consacrées, et non de simples hosties (visuellement, la différence n’est bien sûr pas discernable) : «cela m’importait que les hosties aient de la valeur aux yeux des croyants», justifie-t-il. «Si je n’avais pas utilisé des hosties consacrées, les croyants ne seraient pas descendus dans la rue pour protester, et la performance n’aurait pas été complète», ajoute-t-il, semblant indiquer que l’offense faite aux croyants et les réactions suscitées en conséquence font partie intégrante de son œuvre.

L’Asociación de Abogados Cristianos a introduit deux griefs devant la CEDH : elle reproche à la mairie d’avoir organisé, financé puis refusé d’annuler l’exposition, et à la justice espagnole, de l’avoir déboutée de sa plainte contre l’artiste.

L’Espagne sanctionne le délit de blasphème

Dans sa décision d’irrecevabilité, la CEDH s’appuie surtout sur une faiblesse procédurale : les requérants, estime-t-elle, ont fait le choix d’une action pénale alors qu’ils auraient pu se tourner vers la justice administrative, en attaquant la décision par la municipalité de Pampelune de maintenir l’exposition malgré son devoir de «neutralité religieuse». La CEDH estime donc que les avocats chrétiens n’ont pas épuisé toutes les voies de recours interne avant de déposer leur requête. Dans d’autres circonstances, elle a pourtant jugé des affaires pour lesquelles toutes les voies de recours interne n’étaient pas épuisées.

Nicolas Bauer, juriste au Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), qui avait transmis des observations écrites auprès de la CEDH pour appuyer la requête, regrette toutefois cette décision d’irrecevabilité : «dans l’examen du second grief, la CEDH a procédé à un examen liminaire sur le fond et conclut que le juge espagnol a eu raison de débouter les plaignants. Pourtant, il y a des éléments dans l’instruction qui montrent que la justice n’a pas pris à sa juste mesure l’offense faite contre les chrétiens. Lorsque le juge d’instruction désigne les hosties consacrées comme de simples ’petits objets blancs’, il refuse de prendre en compte la valeur sacrée de ces hosties aux yeux des fidèles».

Contrairement à d’autres pays, l’Espagne reconnaît et sanctionne le délit de blasphème. Le Code pénal espagnol contient en effet des dispositions sanctionnant les actes qui «offensent les sentiments d'une confession religieuse légalement protégée dans une église ou un lieu de culte, ou une cérémonie religieuse» (article 524). Il sanctionne également «quiconque, afin d'offenser les sentiments des membres d'une confession religieuse, dénigre publiquement leurs dogmes, croyances, rites ou cérémonies en public, verbalement ou par écrit, ou insulte, également publiquement, ceux qui les professent ou les pratiquent» (article 525 § 1).

Dans d’autres circonstances, la CEDH a déjà reconnu par le passé la légitimité de dispositions légales prévenant le blasphème. Comme dans un jugement en 1996 où elle donnait raison à l’office britannique des visas cinématographiques, qui avait refusé d’accorder un visa à un film mettant en scène une relation érotique entre sainte Thérèse d’Ávila et un Christ en croix. La CEDH avait alors reconnu légitimes des dispositions pénales interdisant «un haut degré de profanation», établi à partir du degré de sacralité de l’objet profané.

Quant aux photos de l'exposition «Amen», elles avaient été vendues par l'artiste à la suite du succès médiatique rencontré par son installation à Pampelune (et nourri par le scandale), pour un montant de 285.000 €. 

Dans 2023

la révocation de l'évêque Joseph Strickland

Le Lun 13 nov 2023

Déclaration de Monseigneur Schneider au sujet de la révocation de Monseigneur Strickland

 

La seule accusation qui est maintenant sûre d’obtenir une peine sévère est le respect prudent des traditions des Pères. Cette phrase de la lettre 243 de Saint Basile (1) illustre bien la destitution de l’évêque de Tyler au Texas, son Excellence Joseph Strickland.

La destitution de l’évêque Joseph E. Strickland est un jour noir pour l’Église catholique

Nous assistons à une injustice flagrante envers un évêque qui a fait son devoir en défendant le caractère sacré de la liturgie, en particulier le rite immémorial de la messe. Tous comprennent, et même les ennemis déclarés de cet évêque conservateur, que les accusations portées contre lui sont disproportionnées et qu'elles sont utilisées pour faire taire une voix dissidente au sein de l’Église.

Le précédent de la crise arienne au IV siècle

Pendant la crise arienne de l'église au IVe siècle, des clercs furent destitués et exilés uniquement parce qu’ils prêchaient intrépidement la foi catholique traditionnelle. Cela se produit à nouveau à notre époque. Dans le même temps, des évêques soutiennent publiquement l’idéologie du genre. Ils invitent ouvertement leurs prêtres à bénir des couples de même sexe mais ils ne sont pas sanctionnés par le Saint-Siège pour cette hérésie. (2)

L’évêque Strickland entrera probablement dans l’histoire comme l'Athanase de l’Église aux États-Unis. Contrairement à Saint Athanase (3), Strickland n’est pas persécuté par le pouvoir laïque, mais par le pape lui-même. Une purge d’évêques fidèles à la doctrine apostolique a commencé peu après l'élection du pape François le 13 mars 2013. Elle entre maintenant dans une phase décisive.

Que le sacrifice que Notre Seigneur a demandé à l’évêque Strickland porte beaucoup de fruits spirituels. Les autres évêques fidèles à qui on a demandera de démissionner, devraient dire en toute sincérité le message suivant au pape François.

 « Saint Père, pourquoi nous persécutez-vous ? Nous avons essayé de faire ce que tous les saints papes nous ont demandé de faire. Avec l’amour fraternel qui nous anime, nous offrons notre destitution pour le salut de votre âme et la préservation de la Sainte Église romaine. Nous sommes vos meilleurs amis, Père très Saint !

+ Athanasius Schneider est l'évêque auxiliaire d'Astana, la capitale du Kazakhstan

(1) https://www.narthex.fr/blogs/ecrits-mystiques/basile-de-cesaree-dit-basile-le-grand-329-379

(2) https://fr.aleteia.org/2019/11/18/la-perversion-les-conseils-de-la-bible-pour-sen-proteger/

(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Athanase_d%27Alexandrie

Dans 2023

testament de l'abbé Cyril Gordien

Le Ven 12 mai 2023

Extraits du testament de l'abbé Cyril GORDIEN, curé de la paroisse Saint Dominique à Paris. 

Prêtre au cœur de la souffrance  (extraits de Famille Chrétienne)

la fermeture des lieux de culte pendant la pandémie 

Puis la crise du coronavirus est survenue. En mars 2020, six mois à peine après mon arrivée, la vie est paralysée. Je me retrouve totalement seul au presbytère et dans l’église, chacun étant parti se confiner ailleurs. Pour moi, une évidence s’impose : je ne peux pas célébrer la messe pour moi tout seul, en m’enfermant pour me protéger…Je ne suis pas prêtre pour moi, privant les fidèles des sacrements. Je décide de laisser l’église ouverte, toute la journée, et de célébrer la messe dans l’église, en exposant auparavant le Saint-Sacrement, me tenant disponible pour les confessions. Je n’ai prévenu personne, mais les fidèles sont venus d’eux-mêmes. J’assume pleinement ce choix, et ne le regrette en rien. Certains, partis en villégiature à la campagne, me l’ont reproché à distance. D’autres, à leur retour des confinements, m’ont fait de vifs reproches. Il est facile de critiquer quand on passe plusieurs semaines au soleil, en dehors de Paris…

Cette crise révèle un drame de notre époque : on veut protéger son corps pour préserver sa vie, fût-ce au détriment des relations personnelles et de l’amour donné jusqu’au bout. On veut sauver son corps au détriment de son âme. Que vaut une société qui privilégie de manière absolue la santé du corps, laissant des personnes mourir dans une solitude effroyable, les privant de la présence de leurs proches ? Que vaut une société qui en vient à interdire le culte rendu au Seigneur ?

 Aucune autorité humaine, gouvernementale ou ecclésiastique, ne peut s’arroger le droit d’empêcher Dieu de rassembler ses enfants, d’empêcher la manifestation de la foi par le culte rendu à Dieu. (…) Tout en prenant les précautions nécessaires contre la contagion, évêques, prêtres et fidèles devraient s’opposer de tout leur pouvoir à des lois de sécurité sanitaire qui ne respectent ni Dieu ni la liberté de culte, car de telles lois sont plus mortelles que le coronavirus » (Cardinal Sarah, Catéchisme de la vie spirituelle, Fayard, 2022, p. 67.)

+ Adoration permanente ?

Finalement, après toutes ces péripéties, nous parvenons à débuter l’Adoration comme prévu, le 10 novembre. Du mardi 8h jusqu’au vendredi 18h30, les fidèles se succèdent et se relaient pour adorer le Seigneur Jésus dans son Saint Sacrement. Comme prêtre, j’éprouve une immense joie à venir adorer au cœur de la nuit silencieuse. Je suis profondément heureux de voir les fidèles venir prier à toute heure, et constituer ainsi comme un foyer capable de rayonner de l’amour de Dieu. Je suis émerveillé devant ces jeunes, collégiens, lycéens ou étudiants, qui se sont engagés pour un créneau et qui viennent la nuit, ou bien juste à la sortie de leurs cours, sac au dos. Je suis admiratif devant ces pères de famille qui viennent dans la nuit, ou bien très tôt le matin avant de rejoindre leur lieu de travail, ou encore ces mères de famille qui emmènent leurs petits enfants. Je suis ému devant ces personnes âgées qui tiennent dans la fidélité, aux heures les plus mouvementées de la journée.

Tous, de toute condition et de tout âge, se sont  mobilisés  pour mettre le Christ au centre de leur vie, l’adorer, le prier, lui confier leurs intentions, et porter leur paroisse. Je suis convaincu que cela est source de nombreuses grâces pour chacun et pour la vie paroissiale, et que cette prière continue est la source de la fécondité des diverses activités pastorales. Avec la sainte Vierge, je m’écrie, le cœur rempli de gratitude : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon sauveur ! ».

Brebis ou loups déguisés ?

« Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car ton bâton me guide et me rassure ». J’ai souvent médité sur ce psaume qui m’assure du soutien du Seigneur dans les grands moments d’épreuve. Ces ravins de la mort prennent plusieurs aspects, que ce soit le combat spirituel ou la lutte contre la maladie. Seul, sans le Christ, il est impossible de se battre. Saint Pierre en a fait l’amère expérience, lorsqu’il se mit à couler parce qu’il avançait tout seul. Je saisis volontiers ce bâton du Seigneur, ce bâton qui fendit la Mer Rouge et perça le rocher. Ce bâton, c’est la houlette du Bon Pasteur. Et le pasteur a besoin de ce bâton pour chasser les bêtes sauvages, pour combattre les loups qui veulent s’emparer des brebis.

A l’intérieur de l’Église, des loups se sont introduits. Ce sont des prêtres, et même parfois des évêques, qui ne cherchent pas le bien et le salut des âmes, mais qui désirent d’abord la réalisation de leurs propres intérêts, comme la réussite d’une « pseudo-carrière ». Alors ils sont prêts à tout : céder à la pensée dominante, pactiser aves certains lobbies comme les LGBT, renoncer à la doctrine de la vraie foi pour s’adapter à l’air du temps, mentir pour parvenir à leurs fins.

J’ai rencontré ce genre de loups déguisés en bons pasteurs, et j’ai souffert par l’Église. Dans les différentes crises que j’ai traversées, je me suis rendu compte que les autorités ne prenaient pas soin des prêtres et les défendaient rarement, prenant fait et cause pour des récriminations de laïcs progressistes en mal de pouvoir et voulant une liturgie plate dans une auto-célébration de l’assemblée. Comme prêtre, pasteur et guide des brebis qui vous sont confiées, si vous décidez de soigner la liturgie pour honorer notre Seigneur et lui rendre un culte véritable, il est peu probable que vous soyez soutenu en haut lieu face aux laïcs qui se plaignent.

Ce curé courageux et intègre est décédé d'un cancer le 14 mars 2023. Il avait 48 ans.  

 

 

 

Dans 2022

chaque français amoureux de la France est concerné par la situation de l'église

Le Dim 11 sept 2022

Jean-Pierre Maugendre est président de Renaissance catholique. Le samedi 24 septembre prochain, il organise à la Maison de la chimie à Paris un colloque intitulé « Quel avenir pour la Messe traditionnelle ? »

Gabrielle Cluzel : Il ne vous aura pas échappé que Boulevard Voltaire n'est pas un site confessionnel… À l'heure de la « fin de la chrétienté », pour reprendre le titre du dernier essai de Chantal Delsol, ces querelles liturgiques ne risquent-elles pas de passer pour picrocholines aux yeux des Français ? En quoi les concernent-elles ? 

Jean-Pierre Maugendre : Il n’aura pas échappé aux Français qui aiment la France que la civilisation française est aujourd’hui menacée de disparaître. La crise est, aujourd’hui, économique, sociale, démographique, politique, intellectuelle et spirituelle. Or, notre civilisation est l’héritière du triptyque Athènes, Rome, Jérusalem. Personne ne contestera que le christianisme a marqué en profondeur nos us et coutumes comme les paysages urbains et ruraux de notre pays. Toutes les visites touristiques de nos récentes vacances en témoignent, de Rocamadour au mont Saint-Michel. Logiquement, tout ce qui affecte l’Église a des conséquences immédiates sur une société avec laquelle elle a tissé depuis très longtemps (baptême de Clovis en 496) des liens très forts (séparation de l’Église et de l’État en 1905). Il est certain que l’Église n’a plus dans la société française l’influence qu’elle a eue. Il est non moins certain que l’Église continue de jouer un rôle comme autorité morale et comme marqueur social d’encore beaucoup de Français à certaines étapes de leur vie : mariage, décès, etc.

Dans son autobiographie Une vie, Simone Veil témoigne de l’attitude des évêques de France à propos de l’avortement : « Je n’ai pas rencontré de difficultés insurmontables avec les autorités religieuses. » En bon français : les évêques de France ne se sont pas opposés à la dépénalisation de l’avortement et d’ailleurs, note l’ancien ministre, s’ils s’y étaient opposés la loi n’aurait pu être votée. Si l’on pense que l’identité de la France lui est arrachée au moyen d’une tenaille dont les deux mâchoires sont le mondialisme hédoniste et l’islam militant, la défense de cette identité ne peut faire l’impasse sur ce que la France doit à l’Église, à son enseignement, à sa discipline, à sa liturgie. Quand une église accueille en son sein des prières musulmanes, c’est l’identité de la France qui est en péril. Quand les évêques de France appellent à l’accueil inconditionnel des migrants, c’est encore l’identité de la France qui est menacée. Quand la suspension du culte public, sous couvert de lutte contre la pandémie de Covid-19, n’entraîne aucune protestation épiscopale, c’est une liberté élémentaire - celle de rendre à Dieu le culte public qui lui est dû - qui est bafouée.

Sous cet aspect, chaque Français amoureux de la France est concerné par la situation de l’Église. Il n’est pas indifférent pour l’avenir de notre pays que la loi naturelle soit défendue ou non, que les églises soient pleines ou vides, que les prêtres prêchent les réalités surnaturelles ou se muent en travailleurs sociaux, etc. La France est un trop vieux pays chrétien pour que le sort de l’Église n’ait pas d’impact sur le sien propre. De plus, comme le notait René Grousset dans son précieux ouvrage Bilan de l’histoire : « En général, aucune civilisation n’est détruite du dehors sans s’être tout d’abord ruinée elle-même, aucun empire n’est conquis de l’extérieur qu’il ne se soit au préalable suicidé. Et une société, une civilisation ne se détruisent de leurs propres mains que quand elles ont cessé de comprendre leurs raisons d’être, quand l’idée dominante autour de laquelle elles étaient naguère organisées leur est devenue comme étrangère. »

 

G. C. : En toile de fond de ce colloque, bien évidemment, le motu proprio Traditionis custodes du pape François... Est-il spécialement grave pour «tradiland» ou celui-ci, finalement, en a-t-il vu bien d'autres ? 

J.-P. M. : Ce motu proprio est effectivement très contrariant. Cependant, la situation pour les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l’Église me paraît bien meilleure qu’il y a cinquante ans. À partir de 1969, la réforme liturgique a été imposée par surprise et avec une très grande brutalité. Beaucoup se sont soumis, par respect de l’autorité et dans l’attente des fruits attendus de « la nouvelle Pentecôte de l’Église ». Aujourd’hui, le constat est sans appel. La réforme liturgique a vidé les églises et, Guillaume Cuchet l’a démontré, les familles qui ont le mieux transmis la foi sont celles qui ont le moins adhéré aux réformes. La résistance significative au motu proprio Traditionis custodes de la part de certains laïcs, évêques et cardinaux est sans commune mesure avec l’acceptation générale des réformes, en 1969, mis à part le Bref examen critique du nouvel Ordo missae des cardinaux Ottaviani et Bacci et l’action de Mgr Lefebvre.

 

G. C. : À l'instar de Patrick Buisson, pensez-vous que « c'était mieux avant » ? Et dans ce cas, pourquoi un si bel édifice, si ancien et si solide, s'est-il si vite effondré ? Peut-on se contenter de dire que c'est « la faute à Vatican II » ? 

Qui oserait vous répondre en affirmant « C’est mieux aujourd’hui » ? Je ne crois pas que ce bel et ancien édifice se soit si vite effondré. Depuis la «fin de la chrétienté» qui correspond, en fait, à la Réforme protestante, l’Église évolue dans un monde où son rôle de Mater et magistra, mère et maîtresse de vérité, lui est dénié. Elle détenait la Vérité sur Dieu et sur l’homme et elle la transmettait aux peuples. Depuis la Réforme et la Révolution française, les paradigmes ont été inversés. La vérité ne vient plus d’en haut. Il n’existe plus d’ordre naturel des choses ni de « lois non écrites, immuables voulues par les dieux » (Antigone). S’impose alors ce que Benoît XVI avait appelé « la dictature du relativisme ». L’homme, d’abord, interprète, seul, sans l’Église, l’Écriture puis décide, seul, de ce qui est bien et de ce qui est mal. Enfin, il choisit lui-même ce qu’il veut être : homme ou femme. La pente logique est inéluctable. N’est-ce pas Bossuet qui observait « Dieu se rit des hommes qui déplorent les maux dont ils chérissent les causes » ?

Dans un ouvrage remarquable, L’Église occupée, Jacques Ploncard d’Assac a analysé comment l’Église peu à peu, depuis la Réforme, s’est ralliée aux valeurs d’un monde dont les principes fondateurs étaient en opposition radicale avec ses propres règles et fondements. Les termites mettent des années à ronger la charpente qui s’effondre en un instant. Si l’effondrement peut être très rapide, le travail de sape antérieur, lui, remonte loin dans le temps. Concernant Vatican II, ce concile « pastoral » s’inscrit dans le mouvement plus ancien décrit ci-dessus. Il formalise la volonté de l’Église de ne plus condamner le monde et ses valeurs mais de se rallier à lui afin de le convertir. Le Christ lui-même nous l’enseigne : « Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits pas plus qu’un mauvais arbre n’en peut porter de bons. Tout arbre qui ne donne pas de bons fruits est coupé et jeté au feu » (Mat VII, 18). À chacun de juger et d’en tirer les conséquences… Je conclurai, citant Dom Gérard, fondateur de l’abbaye bénédictine du Barroux et auteur du livre Demain la chrétienté, à l’arrivée du pèlerinage de Pentecôte à Chartres en 1985 : « Très sainte Vierge, rendez à ce peuple sa vocation de soldat, de laboureur, de poète, de héros et de saint. Rendez-nous l’âme de la France. »

Dans 2022

le diocèse de Toulon dans le collimateur des progressistes

Le Dim 05 juin 2022

Pretre pedophile

 

Il y a des jours, comme ça, où on ne comprend pas très bien ce qui se passe. Quiconque fréquente, fût-ce par curiosité, les églises de France a vu de ses yeux le désespoir de ce qui fut jadis la fille aînée de l'Église. Chapelles, abbayes, cathédrales et basiliques sont vides et décrépies. Des chants "neuneus," que personne ne connaît, sont entonnés à pleine voix par des "boomeuses" en habits de randonnée. Derrière des autels moches, des prêtres tristes, qui semblent ne plus y croire, laissent les laïcs prendre le pouvoir et les appeler par leur prénom. Des enfants de chœur des deux sexes, en baskets, distribuent la communion d'une manière qui ne peut se comparer à rien sans commettre de blasphème. Dans l'assistance, il n'y a personne, ou presque. Le peuple de Dieu a le crâne dégarni, la vue basse et la certitude qu'un monde juste et fraternel est possible avec un peu d'aveuglement niais. Les sentiments sont stérilisés et les statues mises au placard.  Dieu est là, c'est tout ce qui compte, mais on ne peut pas dire que ça émeuve grand monde.

 

La France catholique est en sandales et chaussettes, col romain et pin's, dans des salles paroissiales recouvertes de moquette beige, administrées par de vieilles filles acariâtres. La maigre famille des prêtres diocésains s'endort, le nez dans la soupe tiède de l'esprit du monde, avec la télé comme catéchisme, les soupçons de  comme musique de fond et la retraite à 75 ans pour toute espérance.

 

Toute ? Non ! Quelque part en Provence, un diocèse résiste encore et toujours à la laideur et à l'uniformité. À Toulon, depuis 22 ans que Monseigneur Dominique Rey est aux commandes, on accueille, au contraire, tout le monde dans la Maison du Père. Charismatiques, missionnaires, évangélistes, Ivoiriens, Brésiliens, Argentins, communautés neuves ou ordres séculaires sont les bienvenus ! Le diocèse de Toulon est l'un des plus dynamiques de France. Plusieurs prêtres y sont ordonnés chaque année. Il y a même des traditionalistes !

 

Ce sont eux, les fameux tradis, par qui le scandale est arrivé. Vous en avez probablement déjà entendu parler dans Le Canard enchaînéGoliasMediapart ou autre organe de presse. Ce sont des catholiques fermés, ringards et passéistes. Ils portent des chaussures-bateau et leurs femmes un serre-tête pour ne pas devenir trop intelligentes. Comme ils n'ont pas la télévision et qu'ils ignorent la contraception, ils passent leur temps à se reproduire, au mépris de l'empreinte carbone. Ils vont à la  dite en latin et leurs abbés portent la soutane. 

 

Figurez-vous que Monseigneur Rey, à la différence de beaucoup d'évêques français, ne les juge pas. Il leur a accordé l'asile politique dans un diocèse qui ne condamne pas a priori. À Toulouse, au contraire, Monseigneur de Kerimel a écrit à ses séminaristes, le 2 juin, pour leur interdire le port de la soutane - trop théâtral, croit-on comprendre. Trop tradi, aussi, probablement. À Toulon, pas de ça : on voit de tout. Des robes de bure (y compris violettes), des soutanes (y compris vertes), des messes en français et en latin, de l'orgue et de la guitare, des chants modernes, des cantiques, du grégorien, du polyphonique, bref, le peuple de Dieu, troupeau multiple, foisonnant, divers et pourtant inséparable.

 

Cette tolérance n'a pas plu au cardinal et archevêque métropolitain de Marseille, Monseigneur Jean-Marc Aveline, qui a autorité sur le diocèse de Fréjus-Toulon. Il a purement et simplement annulé les ordinations prévues fin juin 2022. Un communiqué sibyllin évoque des questions « liées à la restructuration du séminaire et à la  d'accueil du diocèse. » Une source du Vatican évoque à l'AFP des « signalements » au sujet de « méthodes » employées au séminaire, ainsi que des «abus ». On n'en saura pas plus. Le champ lexical est le même que celui des sordides affaires d'abus sexuels commis par des prêtres sur des enfants au sein de l'Église de France. Au Saint-Siège, on sait parler aux journalistes.

 

Quatre prêtres et six diacres, qui allaient offrir leur vie au Christ, devront attendre. Leurs ordinations sont ajournées sine die. Quand c'est pour annoncer les mauvaises nouvelles, un peu de latin n'est pas interdit. Monseigneur Aveline, lui, sera créé cardinal au mois d'août par « pape François ». Ce dernier ne doit pas être confondu avec Pap Ndiaye. Le premier, entouré d'une coterie d'idéologues, déteste tout ce qui a un rapport avec l'Occident ou la transmission. Le second est le nouveau ministre de l'Éducation nationale.

 

Par Arnaud Florac pour Boulevard Voltaire